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Corse : Gérald Darmanin "en terrain miné"

Après plusieurs jours de violences, Gérald Darmanin se rend mercredi 16 mars en Corse, pour deux jours. Le ministre de l'Intérieur promet "d’ouvrir un cycle de négociation". Sauf que, politiquement, ses marges de manœuvre sont limitées.

Article rédigé par franceinfo - Jean-Rémi Baudot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Manifestation à Bastia (Haute-Corse) derrière le slogan "Etat français assassin", le 13 mars 2022 (CHRISTIAN BUFFA / MAXPPP)

Cette visite de Gérald Darmanin en Corse a un objectif : éteindre la contestation qui monte. Les indépendantistes ont trois revendications : l’enquête sur la violente agression d’Yvan Colonna, la question du rapprochement des prisonniers corses, et, plus délicat, le statut de l’île. La dernière réforme constitutionnelle ouvrait la voie à un statut différencié, elle a été bloquée par le Sénat en 2018.

C'est sur ce dernier point, en particulier, que le ministre arrive en terrain minéBeaucoup en Corse considèrent que les manifestants ont plus pris la main en quatre jours que les politiques corses l’ont fait en dix ans. Un fin connaisseur du dossier décrypte : "C'est le pire scénario pour Darmanin. Il va devoir lâcher des trucs sous la pression."

Le choix d'un ministre "politique"

Dans la situation actuelle en Corse, il y a bien sûr l’aspect de l’ordre public, de la sécurité. Mais en principe, la Corse n’est pas particulièrement gérée par le ministère de l'Intérieur, plutôt par les collectivités territoriales. Et c’est peut-être ce qui a manqué ces dernières années. Au sein du gouvernement, certains pensent que le dossier corse a été délaissé. "Jacqueline Gourault n’était pas assez présente sur le terrain", regrette un conseiller. Le Premier ministre Jean Castex lui-même a sillonné la France entière, mais en deux ans n'est jamais allé en Corse. "C'est pourtant un territoire qui nécessite des gestes symboliques", regrette un député.

Gérald Darmanin est donc appelé à la rescousse : c'est le ministre le plus politique. "Il a un mandat du président", glisse l’un de ses proches. Pour négocier quoi ? L’indépendance : non, mais davantage d’autonomie : possible. "Il va falloir de la créativité sur les statuts", estime un membre de cabinet, rompu aux négociations difficiles.

Gérald Darmanin marche sur des œufs. Au sommet de l'État, tous s’inquiètent d’une possible spirale de violence et du risque que le sang coule. Car, comme le rappelle un élu : "La différence entre les 'Gilets jaunes' et les émeutiers corses, c’est qu’en Corse, ils sont armés et qu’ils n’ont pas peur de tirer sur des policiers."

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