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Confinement : les ministres privés de terrain

Mardi 6 avril, c'est le début de quatre semaines de confinement pour tous les Français, mais aussi pour une grande partie du gouvernement. Les ministres sont invités à limiter au maximum leurs déplacements pour ne pas surcharger les préfets.

Article rédigé par franceinfo - Hadrien Bect
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le ministre délégué à l'action et aux comptes publics Olivier Dussopt, la ministre de la Mer Annick Girardin et le Premier ministre Jean Castex en visite au Havre (Seine-Maritime) le 22 janvier 2021 (SAMEER AL-DOUMY / AFP)

Le Premier ministre à l’habitude d’inciter son gouvernement à se déployer sur le terrain. Cette fois, Matignon demande à ses ministres de rester au bureau, comme pendant les précédents confinements. Les membres du gouvernement sont invités à se mettre au diapason des Français, pour montrer l’exemple, mais surtout, d’après un message envoyé par les services de Jean Castex aux cabinets ministériels en fin de semaine dernière et que franceinfo a pu consulter, "il s'agit de limiter les déplacements au strict nécessaire afin d'éviter de mobiliser les préfectures sur d'autres missions que celles liées à la crise sanitaire". Un ministre traduit : "Les préfets en ont marre, ils ont demandé à ce qu'on se déplace moins."

Entre gestion de crise au quotidien, contrôles du confinement, et maintenant mise en place de la vaccination à grande échelle, les préfectures sont en surchauffe. Organiser un déplacement, "cela prend du temps, explique un préfet, faire une reconnaissance en amont, caler les séquences, préparer la sécurité, accueillir le ministre." Du temps que ces hauts fonctionnaires n'ont pas, ils l’ont fait savoir.

Seuls sont donc autorisés les déplacements directement en lien avec la crise sanitaire, cela limite les possibilités. Enfin, les ministres doivent par ailleurs faire valider leurs déplacements par Matignon, alors qu’en temps normal, informer le cabinet du Premier ministre suffit.

Des ministres relégués au second plan

Qu’on ne s’y trompe pas : les "poids lourds" du gouvernement, en première ligne dans la crise, Olivier Véran, Jean-Michel Blanquer, Gérald Darmanin ou encore Bruno Le Maire vont continuer à exister. Mais rappelons que le gouvernement compte 42 ministres, ministres délégués, secrétaires d'État.
Pour tout membre de l’exécutif, faire un déplacement dans la Marne, en Haute-Savoie ou en Loire-Atlantique signifie aller voir ce qui fonctionne ou pas sur le terrain, vérifier la bonne réalisation de l’action gouvernementale. C’est aussi utile pour l’image, la notoriété du ministre : "certains profitent des déplacements pour faire des interview dans la presse régionale parce qu'ils n'existent pas à Paris", explique un conseiller ministériel.

Voilà donc des ministres souvent moins en vue encore relégués, eux qui n’appartiennent pas au cénacle du Conseil de défense, contraints d’assister au Conseil des ministres en visioconférence, quand il y sont invités, souvent peu présents dans les médias nationaux. Ces derniers jours, certains d’entre eux ont en plus vu leurs déplacements supprimés pour faire place nette à des ministres plus importants qui se rendaient au même endroit.

Autant dire que Jean Castex, qui préside ce soir sa réunion hebdomadaire avec l’ensemble du gouvernement, risque de devoir se livrer à une séance de câlinothérapie.

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