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Ces proches de Macron qui ne croient plus au macronisme

Certains de ceux qui ont été au début de l’aventure d’Emmanuel Macron commencent à ne plus y croire du tout. Le brief politique de Benjamin Sportouch.

Article rédigé par franceinfo - Benjamin Sportouch
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Emmanuel Macron au salon de l'auto de Paris 2022, le 17 octobre 2022. (GONZALO FUENTES / POOL)

C'est ceux que l'on pourrait appeler les pionniers du macronisme : ils étaient là en 2016 quand personne n’y croyait. Et vous vous souvenez de la promesse de l’époque : le dépassement des clivages, le "ni gauche ni droite", et une expression qui sonnera comme un slogan, le fameux "en même temps…".

>> Le vrai du faux. Est-ce que "la moitié des faits de délinquance à Paris est commise par des étrangers", comme l'affirme Emmanuel Macron ?

Et bien, cette recette gagnante ne l’est plus : ce sont deux ministres et pas n'importe lesquels, des très proches d'Emmanuel Macron, qui le confient. Pour eux, le "en même temps" a vécu. Il faut, au contraire, revenir au bon vieux clivage gauche / droite. Et autant dire, donc, effacer ce qui est l’ADN du macronisme.

Ces doutes naissent pour plusieurs raisons. D’abord, certes, Emmanuel Macron a été réélu sans trop de difficultés en mai dernier. Mais aux législatives, on sait ce qu’il est advenu : le Rassemblement national est entré en force dans l'hémicycle et la gauche aussi a repris des couleurs. Le "en même temps" a pris du plomb dans l’aile : il ne convainc plus les électeurs qu’il est la voie médiane. Seconde raison expliquée par l’un de nos deux ministres échaudés : si on offre aux électeurs une alternative entre d’un côté un centre qui veut tout englober et de l’autre le Rassemblement national, or, les Français veulent une alternance, il ne restera qu’une possibilité, vous l’avez compris : celle de Marine le Pen.

L'ombre d'Edouard Philippe

Le dépassement des clivages qui devait être un antidote contre l’extrême droite en ferait aujourd’hui le lit. Quel chamboulement ! D'autant que les deux ambitieux qui se confient viennent de la gauche et se sentent plus à l’aise de revenir dans leur camp d’origine. Et puis, enfin, il se trouve qu’il y a un homme qui veut incarner ce retour au clivage gauche / droite : Edouard Philippe

L'ancien Premier ministre a monté son propre parti Horizons et n’a jamais, on a fini par l’oublier, adhérer à En marche, afin de garder sa liberté. On s’en aperçoit aujourd’hui : en fait, il n’a jamais cru au mantra macroniste et ne se prive pas pour le dire ouvertement. Il existe, dans le pays, une droite et une gauche, et ces partis continuent selon Edouard Philippe de structurer le paysage politique. Des mots qui sonnent doux à ses partisans mais aussi, et c’est donc la nouveauté, à des macronistes purs et durs. De quoi agacer un proche du Président : "Ce sont des ambitieux, ils préparent déjà la suite". 

S'il y aura toujours, bien sûr, les gardiens du temple macroniste, l’édifice, clairement, se fissure. La réélection d’Emmanuel Macron devait ouvrir la voie à une remise en question mais, espérait-on à l’Elysée. Mais pas forcément aussi tôt.

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