Budget 2024 : bras de fer à Matignon entre Gabriel Attal et Olivier Dussopt
C'est la discussion du moment au sommet de l'Etat : le Projet de loi de finances, ou PLF pour les intimes. Un processus qui démarre au mois d’avril avec des discussions entre les différents ministères et Bercy qui gère les finances du pays, où l'on y détaille d’abord les besoins incompressibles pour faire tourner la machine de l’Etat.
Viennent ensuite les discussions en tête-à-tête, entre ministres. Et là, ça devient intéressant : ces rencontres se déroulent dès le début du mois de juin dans le bureau de Gabriel Attal, ministre des Comptes publics, avec chacun de ses collègues ministres, une à deux heures de négociations, parfois très techniques. Chaque ligne budgétaire est détaillée, discutée, négociée…
Olivier Dussopt pense déjà avoir fait beaucoup d'efforts avec les retraites
Quand ça coince, ça remonte à l’étage d’au-dessus : Matignon. Chaque année, cinq réunions d'arbitrages sont en moyenne nécessaires. Et c’est ce qui s’est passé jeudi 23 juin dans la soirée. Autour d’Élisabeth Borne, les ministres de Bercy (Le Maire et Attal) et Olivier Dussopt. Le ministre du Travail n’a pas réussi à se mettre d’accord avec Gabriel Attal.
D’un côté, l’un affirme qu’avec la réforme des retraites et ses 17 milliards d’économies, il a déjà beaucoup participé à l’effort budgétaire. De l’autre, Bercy répond qu’il y a encore des économies à trouver sur les contrats aidés, les emplois francs ou le Compte personnel de Formation… Un dialogue délicat d'autant qu'Olivier Dussopt a été à la place de Gabriel Attal : il connaît les ficelles de l'exercice et les arguments de Bercy. Face au blocage, c’est donc Élisabeth Borne qui va trancher.
Mais parfois, l'arbitrage de Matignon est un coup de poker. Il se dit que l’an dernier, un ministre est ressorti du bureau de la Première ministre avec moins que ce Bercy avait proposé lors des négociations.
"Un 49.3 est inéluctable"
Le budget de l'Etat se décide ainsi, sur un coin de table. Selon nos informations, cette année en cumulé, les ministres ont demandé 37 milliards d’euros de plus que le budget de l’Etat. Pour les recalés, il faudra donc redéployer leurs dépenses et revoir leurs priorités. Faire un budget, c’est faire des choix économiques et politiques. Récemment, le gouvernement a annoncé des réductions d’aides sur le logement : deux milliards d'euros en tout. "On s’en est pris plein la gueule, mais nous tenons à rétablir les finances publiques", se justifie Bruno Le Maire…
Les budgets par ministères seront attribués finalisés d’ici deux semaines avant de passer par le Parlement après l’été. Le problème, c’est qu’avec une majorité relative, le gouvernement n’a quasiment aucune chance de faire adopter son PLF. Politiquement, voter un budget est considéré comme un soutien à la majorité. "Un 49.3 est inéluctable", souffle un ministre à Bercy. Mais cette perspective ne réjouit pas grand monde au sein de l’exécutif : qui dit 49.3, dit possible motion de censure avec de nouvelles tensions à l’Assemblée. L'adoption du budget 2024 risque de ressembler à celle du budget 2023.
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