Livret A : L'épargne toujours croissante des Français aidera-t-elle à financer la transition énergétique ?

En août dernier, les Français ont déposé sur leurs livrets d’épargne près de trois milliards d’euros, malgré un taux de rémunération inchangé à 3%. Une manne qui pour le gouvernement pourra peut-être servir à l'investissement productif pour d'autres projets que la construction de logements sociaux.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4 min
Les deux produits d’épargne Livret A et LDDS totalisent 550 milliards d’euros de placements, niveau bien supérieur à la moyenne des dix dernières années. (RICHARD VILLALON / BELPRESS/MAXPPP)

Le succès du Livret A s'est confirmé d'après les chiffres d'août, qui viennent de tomber, malgré un taux maintenu à 3%, bien en-dessous de l’inflation qui est aujourd’hui en France proche de 5%. En réalité, le succès revient au Livret A et au LDDS (Livret de développement durable et solidaire). En août, 2,27 milliards d’euros ont été placés sur le Livret A, 740 millions sur le LDDS. Au total aujourd’hui, ces deux produits d’épargne totalisent 550 milliards d’euros de placements, niveau bien supérieur à la moyenne des dix dernières années.

>> Entre inflation et épargne, l'activité économique ralentit fortement en août

Le Livret A est considéré comme de l’épargne de précaution. Quand on en a les moyens (55 millions de français détiennent un Livret A aujourd'hui), nous mettons de côté pour parer à d’éventuels coups durs, payer les impôts, etc. D’évidence les sommes accumulées traduisent notre prudence face à la conjoncture difficile. Ensuite, même si le taux de rémunération n’évolue pas, 3% pendant encore 18 mois, l’argent ainsi placé est sécurisé et exempt d’impôts. Enfin, c’est aussi le signe qu’avec l’inflation et les inquiétudes autour du pouvoir d’achat, nous consommons moins et mettons de côté quand cela est possible.

Logements sociaux ou transition écologique

Le Livret A sert notamment à financer la construction de logements sociaux. Malheureusement cette épargne, qui continue de s’accumuler, ne va pas aider le secteur. Le gouvernement entend flécher cette épargne différemment en l’orientant vers de l’investissement productif pour aider notamment le financement de la transition énergétique.

Mais c'est surtout la Banque des territoires qui douche les espoirs. Dans une étude qu’elle vient de publier, l’institution explique que la construction de HLM risque de chuter dans les prochaines années. Pris entre leurs obligations de rénovation des bâtiments, l’inflation, et une dette grandissante, les bailleurs sociaux pourront construire beaucoup moins de logements à loyers modérés au cours de la prochaine décennie. Passée depuis 2020 sous la barre des 100 000 logements par an, la construction de HLM devrait continuer de ralentir pour se stabiliser à une moyenne de 66 000 nouveaux logements annuels jusqu’en 2031.

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