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Le brief éco. Privatisations : quand et pour quoi faire ?

Bruno Le Maire a confirmé dimanche sur France Inter des "privatisations importantes" à venir, dont le produit servira à investir dans des technologies.

Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Bruno Le Maire, ministre de l'Économie et des finances, le 18 mars 2018. (RADIO FRANCE / FRANCEINFO)

Le gouvernement est engagé sur tous les fronts. Réformes de la SNCF, de l’assurance chômage, et privatisations. Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a de nouveau prononcé le mot sur franceinfo et France Inter, dimanche 18 mars. On attend toujours de voir concrètement ce qu’il en est.

A part la cession de 4,5% de la participation de l'Etat dans Engie (ex-GDF SUEZ) en septembre pour 1,5 milliard d'euros, les privatisations ressemblent de plus en plus à l'Arlésienne. On en parle, mais on ne la voit pas. Sur franceinfo et France Inter, dimanche 18 mars, Bruno Le Maire a confirmé des "privatisations importantes" à venir, dont le produit servira à investir dans des technologies dites de rupture, comme l’intelligence artificielle, dans lesquelles nous sommes en train de prendre du retard par rapport à nos grands partenaires internationaux. Bercy pense également au stockage de données ou aux énergies renouvelables.

Un objectif affiché : l'innovation

Plutôt que de toucher régulièrement des dividendes d’entreprises nationalisées, l’Etat préfère consacrer à l'innovation dix milliards d’euros issues de cessions de participations de l'Etat. Il ne s’agit pas de privatisations franches et entières.

Des noms reviennent, naturellement. On sait que le gouvernement veut céder une partie du capital de la Française des Jeux, dont l’Etat détient 72%. Il pourrait descendre jusqu’à 25 ou 30%, avec une introduction en bourse pour permettre au grand public de devenir actionnaire de la société. Autre nom cité : ADP, ex-Aéroports de Paris, qui gère Roissy-Charles-de-Gaulles et Orly. L’Etat en possède près de 51% mais les deux aéroports d’Ile-de-France sont propriétaires de leurs terrains, considérés comme stratégiques. Qu'en feraient de nouveaux actionnaires en cas d’ouverture du capital ou de mise en Bourse ? Le sujet est très sensible.

Une approche sans prisme idéologique

Jusqu’où l’Etat peut-il aller sans remettre en cause son rôle de stratège dans la politique industrielle ? Derrière ces ouvertures de capital, il n’y a pas de vision idéologique. La meilleure preuve est que lorsqu’Emmanuel Macron était ministre de l’Economie, il a bataillé pour faire monter l’Etat dans le capital de Renault et bénéficier de droits de vote doubles, ce qui n’a pas vraiment plu au patron Carlos Ghosn.

Exemple beaucoup plus récent : les chantiers navals STX à St-Nazaire ? L’Etat s’est battu pour rester dans le capital et parvenir aux commandes en co-pilotage avec les Italiens.

Peut-on pour autant parler de vraie stratégie ? Pour l’instant, on a plus l’impression d’un tâtonnement. Est-ce à l'Etat de financer l’innovation ? Certes, l'argent des "privat" peut servir à amorcer des fonds, via Bpifrance, la Banque publique d'investissement, notamment. Mais ne faudrait-il pas plutôt permettre aux entreprises d’innover librement en leur offrant un terrain propice, sur le plan fiscal notamment ? C'est l'autre partie du débat.

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