Le brief éco. L’A380 d’Airbus est-il réellement sauvé par la compagnie Emirates ?
La compagnie aérienne de Dubaï, Emirates, prévoit d’acheter près de quarante A380. Le gros porteur d’Airbus voit un avenir meilleur.
Airbus peut dire merci à Emirates. La compagnie aérienne de Dubaï prévoit d’acheter près de quarante A380, le super gros porteur d’Airbus. Un avion dont l’avenir était loin d’être assuré
L’A380, c’est un gros village volant qui peut embarquer entre 500 et 600 passagers dans sa version classique, jusqu’à 850 dans certains cas. Seulement voilà, l’appareil (lourd quadriréacteur), concurrent direct du Boeing B777 (biréacteur plus léger), n’a pas réussi à s’imposer sur le marché international. Récemment, Airbus avait prévenu : si Emirates ne confirmait pas la commande, on arrêterait le programme.
Miracle, donc, jeudi 18 janvier : le protocole d’accord signé est un véritable ballon d’oxygène. 36 appareils A380 dont 10 en option pour 16 milliards de dollars (13 milliards d’euros). Ces appareils viennent s’ajouter aux 170 autres commandés par Emirates et dont une centaine est déjà en service.
Des vols difficiles à rentabiliser
L’A380 est le vaisseau amiral qui a permis à Airbus d’asseoir sa stature de géant de l’aéronautique, mais sans le transformer en succès commercial. Lancé en 2000 et entré en service en 2007, l’A380 a vu son carnet de commandes plafonner et le groupe a dû réduire les cadences de production (un peu plus de deux par mois jusqu’en 2015, un par mois désormais et six par an à terme).
La taille de l’avion est son talon d’Achille. Elle en impose, mais elle effraie les compagnies clientes. Pour rentabiliser les vols, il faut que l’appareil soit à pleine capacité, c’est à dire qu’il décolle avec son plein de passagers, ce qui n’est pas évident sur de nombreuses liaisons malgré l’engorgement des grands aéroports internationaux. Ce qui est vrai vers l’Asie et le Golfe persique l’est moins sur d’autres destinations. L’appareil a un rayon d’action de 15 200 kilomètres.
Une relance pour dix ans
L’A380 est-il définitivement sauvé ? Le protocole d’accord signé hier avec Emirates pérennise le programme pour dix ans. Cela signifie dix de travail pour les équipes d’Airbus. Dix ans qui vont permettre à l’avionneur de moderniser l’appareil pour le rendre plus séduisant aux yeux des clients et encore plus compétitif, notamment avec une remotorisation. Ce qui n’aurait pas pu être le cas dans des délais plus courts, d’où l’idée de jeter l’éponge s’il n’y avait pas de nouvelles commandes.
Compte-tenu de la croissance du trafic aérien dans le monde (il double tous les quinze ans), Airbus fait le pari que l’A380 finira par s’imposer, mais il lui faut le temps nécessaire.
Airbus pense avant tout à la Chine qui devrait passer devant les Etats-Unis en 2022 comme plus grand marché mondial du transport aérien. L’Afrique, peut-être, plus tard. Mais pour l’instant, Emirates assure à elle seule la quasi intégralité du carnet de commande réel de l’A380 qui devra s’imposer notamment face au B777 9X qui naîtra en 2020.
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