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Le brief éco. Impôts et transferts sociaux ont fortement amorti les inégalités en France depuis trente ans

Une étude montre que les prélèvements obligatoires ont joué à fond leur rôle de redistribution depuis 30 ans. Une tendance confirmée par l'Insee entre 2014 et 2016.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
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Temps de lecture : 2 min
Antenne du Trésor public (illustration). (BRUNO LEVESQUE / MAXPPP)

Le système fiscal français et les prélèvements sociaux ont permis d’éviter une hausse des inégalités en France depuis 30 ans ? C’est ce qu’affirme une étude publiée par le Laboratoire sur les inégalités mondiales et réalisée par une équipe d’économistes dont Thomas Piketty, qui avait fait grand bruit avec son livre Le Capital au XXIe siècle aux éditions du Seuil. Cette étude porte sur la période 1990-2018. Elle montre bien une augmentation des écarts de revenus avant impôts : plus de riches ont gagné plus, plus de pauvres ont gagné moins. Mais ce qui émerge réellement de cette enquête, c’est que les prélèvements fiscaux (les impôts), liés aux transferts sociaux, ont permis d’absorber totalement l’augmentation des inégalités.

Le système de redistribution a bien fonctionné

Lorsque l’on rentre dans les détails, on s'aperçoit, qu'en moyenne, sur la période étudiée, les prestations sociales n'ont compté que pour 4% du revenu national en France contre plus de 40% pour les prélèvements obligatoires. Autrement dit : merci à l’impôt bien réparti. La puissance redistributive du système français a fortement progressé depuis 1990, la réduction des inégalités est passée de 17 à 30%.

Et si l’on se concentre sur les seules dernières années, cette tendance est confirmée par l’Insee. L’Institut national de la statistique montre qu’entre 2014 et 2016, le niveau de vie a davantage augmenté dans le bas et le milieu de la fourchette des revenus. Il est resté stable dans le haut de la fourchette et a même diminué pour les 5% les plus aisés. La population la plus modeste a bénéficié notamment de la mise en place de la prime d’activité au 1er janvier 2016.

Faut-il attribuer cela au gouvernement précédent ? La politique menée par François Hollande n’y est pas étrangère. Comme le rappelle Alain Trannoy, professeur à l’Université d’Aix-Marseille, directeur d’études à l’IHESS (Institut des hautes études en sciences sociales) et spécialiste des questions fiscales : à l’époque on ne parlait que du "matraquage fiscal". Le propre camp de François Hollande lui reprochait de mener une politique de droite. On constate aujourd’hui que ceci s’avère faux en matière de redistribution. Manque de chance, il faut toujours une à deux années pour analyser les données et constater leur impact avec recul. Le temps de l’économie n’a jamais été le temps du politique.

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