Le brief éco. Comment lutter contre les "fakes news" en économie
Manipulations de chiffres, annonces biaisées... Les "fakes news" économiques sont de plus en plus nombreux.
Comment lutter contre les informations mensongères rependues sur les réseaux sociaux, notamment en matière économique ? Le "fake news" économique est un phénomène qui prend de l’ampleur.
Une table ronde organisée mardi 7 novembre à Lyon dans le cadre des Journées de l'économie, dont franceinfo est partenaire aux côtés de l’Ajef, a permis d’éclairer le débat. La distillation de rumeurs, la manipulation des faits, et les mensonges partisans, envahissent la tweetosphère, au point de devenir un véritable danger pour la démocratie, en tronquant tout simplement l’information et le débat.
Selon Alexandre Delaigue, professeur à l’université de Lille, les données économiques se prêtent tout particulièrement aux fake news à partir du moment où elles sont difficiles à comprendre. Nous ne sommes plus dans la simple querelle des chiffres mais dans la défiance par rapport aux faits. L’esprit critique s’est mué en un esprit de vérité contraire
L'exemple de la baguette
La baguette à un franc au moment du passage à l’euro et dont le prix aurait été multiplié par six à cause de la monnaie unique. La thèse, largement répandue par les détracteurs de l'euro, est fausse : en 2001, la baguette coûtait environ quatre francs, elle est aujourd’hui en moyenne à 90 centimes d’euros, soit un peu plus de six francs. Euro ou pas, l'inflation traditionnelle serait, de toute façon, passée par là.
Autre exemple : le Brexit. Pendant la campagne, les partisans de la sortie du Royaume-Uni de l’Europe ont placardé partout dans Londres, notamment sur les culs de bus, que le Brexit permettrait aux britannique de récupérer 350 millions de livres sterling en faveur de l’assurance maladie. Depuis, il a été prouvé que ce chiffre était faux, mais il continue de circuler. Le leader des partisans du Brexit, Nigel Farage, a reconnu la duperie tout en affirmant que cela n’était pas grave. C’est l’exemple typique de la banalisation du mensonge.
Rectifier le tir
Deux moyens principaux permettent de lutter contre cette désinformation : l’éducation en amont, les outils en aval. La formation revient à l’Education nationale. Les 30 académies de France proposent un catalogue de formation des enseignants, des élèves et des parents (Comment aider son ado à faire le tri entre vraies et fausse informations.
Quant aux outils techniques, ils sont proposés par les médias : les Décodeurs et le Décodex du Monde , la chronique Le vrai du faux, chaque jour sur franceinfo à 8h20 avec Antoine Krempf).
Un sondage Kantar Public réalisé pour les Jeco montre bien l’évolution des mentalités. Selon cette enquête, en France, 10% des 18-34 ans (les Millenials, les enfants du siècle) sont prêts à payer pour accéder à de l’information de qualité, contre 6% des 35-54 ans et 3% des plus de 55 ans. Autrement dit, la jeune génération est plus demandeuse d'une meilleure info que les aînés. Plutôt rassurant pour les médias traditionnels.
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