Le brief éco. 5G : pourquoi Bouygues Telecom menace l’État
Bouygues Telecom demande un report de plusieurs mois pour les enchères qui permettront d’attribuer les futures fréquences 5G. Ces enchères doivent rapporter à l’État entre deux et trois milliards d’euros.
Bouygues Telecom fait monter la pression dans le dossier de la 5G, la future norme pour l’internet ultra rapide. L’opérateur téléphonique menace de demander une indemnisation à l’État si ce dernier décide de ne pas autoriser l’équipementier chinois Huawei en France sur ce marché.
Cette menace n’est pas nouvelle, mais les dirigeants de Bouygues Telecom – dont Martin Bouygues, le président de la maison-mère – ont remis le dossier sur la table, mercredi 10 juin, lors d’une audition au Sénat. Le contexte est le suivant : comme son concurrent SFR, Bouygues Telecom s’est largement équipé en matériel auprès du Chinois Huawei pour construire son réseau mobile 4G utilisé actuellement. Un peu moins de la moitié des antennes 4G Bouygues sont équipées Huawei, l’autre moitié provenant du suédois Ericsson. Ces équipements devraient servir d’assise pour la future 5G. Seulement voilà, si le gouvernement français suit les États-Unis, qui interdisent l’accès de leur territoire au Chinois pour suspicions d’espionnage, Bouygues se retrouve dépourvu d’infrastructures opérationnelles, sans parler des autres contraintes techniques et juridiques.
Coût trop important
Démonter les équipements existants pour les passer sur un autre constructeur représente un coût très important, et des délais d’exécution très longs. Une charge que l’opérateur refuse de porter en invoquant une déstabilisation économique et financière. La décision est entre les mains de l’Anssi (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information) sous le regard très vigilant du régulateur des télécoms (l’Arcep). Pour l’instant, c’est silence radio.
Bouygues Telecom ira-t-il en justice ?
Pour Bouygues Telecom, saisir la justice est la seule voie possible pour se faire entendre et obtenir gain de cause, sauf si le gouvernement fait marche arrière. Il y a quelques mois, Martin Bouygues affirmait que ce dossier de la 5G pourrait entraîner, pour son groupe, la même débâcle que l’arrivée de Free sur le marché de la téléphonie mobile, en 2012, avec prix cassés et destructions d’emplois à la clef. Pour l’heure, entre Bouygues et l’État, nous n’en sommes qu’à une "franche discussion" entre gens intelligents.
L’intervention de l’opérateur télephonique ressort au bon moment puisque c’est ce jeudi 11 juin que l’on connaîtra les dates fixées par le gouvernement pour les enchères qui permettront d’attribuer les futures fréquences 5G. Vu le contexte actuel, Bouygues Telecom demande un report de plusieurs mois pour ces enchères qui doivent rapporter à l’État entre deux et trois milliards d’euros. Sera-t-il entendu, au moins sur ce point ? Réponse aujourd'hui, après la clôture de la Bourse.
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