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Hydrogène, un choix stratégique qui demande plus que des subventions

Près de deux milliards d’euros vont être consacrés au développement de la filière hydrogène en France. Le président de la République, Emmanuel Macron, l’a annoncé mardi 16 novembre lors d’un déplacement à Béziers. Un choix stratégique qui demande plus que des subventions

Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Recherche sur l'hydrogène au CNRS à Belfort (Territoire de Belfort). (SIMON DAVAL - P?RIPLES & CIE / MAXPPP)

Le président de la République en est convaincu : le développement de l’hydrogène est une bataille pour l’industrie, pour l’écologie et pour la souveraineté de la France. En remplaçant le pétrole et le charbon, l’hydrogène doit permettre à l’industrie lourde de réduire ses émissions de CO2.

Jusqu’à présent, l’hydrogène industriel est fabriqué en grande majorité à partir de ressources fossiles, gaz naturel ou charbon. C’est l’hydrogène dit "gris", contrairement à l’hydrogène dit "vert" produit avec l’électrolyse de l’eau, qui recourt à l’électricité nucléaire, et qui ne rejette pas de CO2. La technologie est maîtrisée notamment par des groupes comme Air Liquide, leader européen, ou Alstom qui commercialise des trains propulsés de cette manière. Mais il faut passer à la vitesse supérieure.

L’entreprise visitée à Béziers par le chef de l’État est une jeune pousse issue de la recherche publique. Les grands groupes industriels peuvent-ils généraliser cette initiative ? L’hydrogène est encore un petit marché qui reste cher à produire. La vraie question est celle de la demande. Sur ce point, les pouvoirs publics ont un rôle essentiel à jouer.

Comment créer une demande en hydrogène ?

Pour qu’il y ait demande d’un client en aval, il faut un marché en amont. La demande peut venir des transporteurs avec des camions plus propres roulant à l’hydrogène mais aujourd’hui cela rendrait plus cher la marchandise transportée.

La solution est de produire de gros volumes pour faire baisser les coûts, donc construire de grosses usines productrices (gigafactories). Mais surtout, donc, créer un marché pour que les clients soient au rendez-vous. Cela nécessite une vraie régulation au niveau européen, mais peut-on courir plusieurs lièvres à la fois ? Un premier choix massif a été fait en faveur de la batterie électrique, un choix aujourd'hui irréversible. Les pouvoirs publics misent désormais sur l'hydrogène. Dont acte. Mais plus que des milliards d'euros mis sur la table en subventions, cela mérite une vraie stratégie industrielle... qui reste à construire.

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