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Entreprises : à quoi peut ressembler cette "contribution exceptionnelle", dont a parlé Emmanuel Marcon ?

Lors de son interview du 22 mars, Emmanuel Macron a évoqué une contribution des entreprises qui réalisent des profits exceptionnels. Explications.

Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4 min
Le siège de LVMH à Paris. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Emmanuel Macron a annoncé mercredi 22 mars 2023 qu'il allait demander au gouvernement de travailler sur un dispositif instaurant une "contribution exceptionnelle" des entreprises vers leurs salariés lorsqu'elles réalisent d'importants profits.

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"On a des grandes entreprises, qui font des revenus tellement exceptionnels qu'elles en arrivent à utiliser cet argent pour racheter leurs propres actions. Là, je vais demander au gouvernement de pouvoir travailler à une contribution exceptionnelle pour que cet argent (...), leurs travailleurs puissent en profiter et qu'il y ait une juste répartition", a déclaré le chef de l'Etat lors d'une interview télévisée sur TF1 et France 2. "Nous voulons que les entreprises qui font du rachat d'actions contribuent à la meilleure rémunération des salariés", a précisé ensuite, au Sénat, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.

Alors, à quoi s'attendre ?

Concrètement, il s’agirait, pour cette contribution, de pousser les entreprises qui font des bénéfices record à reverser une part plus importante à leurs salariés, d’aller beaucoup plus loin que les dispositifs de participation et d’intéressement existants. Attention : rien à voir avec une taxation sur les superprofits, même si Emmanuel Macron cible ces grands groupes qui ont dégagé des milliards d’euros de bénéfices l'an dernier, à savoir plus de 142 milliards cumulés pour les groupes tricolores du CAC 40.  

Cette contribution ne va pas concerner beaucoup d’entreprises, car cela ne concernera que celles de plus de 5 000 salariés et uniquement celles qui font des rachats d'actions. Elles devraient alors doubler les sommes versées à leurs salariés au titre de la participation, et de l’intéressement, histoire de rééquilibrer avec les montants versés en dividendes aux actionnaires.

En fait, les entreprises cotées, qui réalisent des profits importants, et qui ont donc, de l’argent disponible, peuvent racheter leurs propres titres. Cela permet de réduire le nombre d'actions en circulation sur le marché ou à la Bourse, ce qui augmente mécaniquement à la fois la demande et le prix de ces actions. C’est donc une façon de favoriser encore un peu plus vos actionnaires. C’est une pratique très répandue aux États-Unis, mais qui s'est bien installée en France. La plupart des grands groupes l’ont utilisée l’an dernier : LVMH a ainsi dépensé jusqu’à 1,5 milliard d’euros en rachat d’actions et a versé ainsi six milliards d’euros de dividendes aux actionnaires ; cinq milliards de rachat d’actions, pour BNP, soit la moitié de son bénéfice et ce trimestre ; TotalEnergies prévoit de débourser près de deux milliards pour ses rachats, etc.      

Cette contribution n'entrera pas en vigueur tout de suite, car le président laisse le soin aux partenaires sociaux d’en négocier les modalités. Le patronat va freiner des quatre fers. Ça signifie, aussi, définir ce qu’est un profit exceptionnel, de quoi nourrir d’importants débats. 

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