Énergie nucléaire : le prix de l’uranium flambe dans le monde

Alors que le texte final de la COP28 appelle à une "transition hors des énergies fossiles" pour lutter contre le réchauffement climatique, de nombreux pays investissent dans le nucléaire. Mais pas seulement pour une raison écologique.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Mine d'uranium, près de la ville de Swakopmund, en Namibie, 2019. (photo d'illustration) (WU CHANGWEI / XINHUA / MAXPPP)

Après deux semaines de négociations, le texte final de la COP28 a revu ses termes, en transformant la "sortie des énergies fossiles" en "transition hors des énergies fossiles". Ce texte vise tout de même à accélérer l'action "dans cette décennie cruciale, afin d'atteindre la neutralité carbone en 2050". Mais si les pays du monde se mettent à miser sur le nucléaire, c'est aussi pour répondre à une inquiétude liée aux conflits mondiaux.

Les cours de l'uranium sont à leur plus haut depuis 17 ans. Le contrat de référence est à 78 euros la livre (environ 450 grammes), une première depuis janvier 2007. C’est précisément l’oxyde d’uranium qui, une fois enrichi, sert de combustible pour faire tourner les centrales nucléaires. La flambée de son cours est la conjonction de plusieurs facteurs, dont la relance de l’atome dans le "mix énergétique" des grandes puissances internationales.

Transition énergétique et géopolitique

La France n’est pas la seule à miser sur l’énergie nucléaire. Le Royaume-Uni, la Belgique, la Roumanie sont aussi de la partie. Ces États ont récemment autorisé une exploitation prolongée de leurs centrales. Même en Californie, le régulateur des services aux collectivités vient de valider une extension de cinq ans, concernant la durée de vie de deux réacteurs situés près de Los Angeles. Ces deux réacteurs devaient initialement fermer en 2024 et 2025. En parallèle, de nouveaux projets sont lancés, notamment en Turquie, en Inde, en Égypte et en Chine, où pas moins de 25 réacteurs sont en construction.

La transition énergétique reste la principale explication, mais l'explosion de la demande est aussi liée aux craintes relatives à l’approvisionnement en pétrole et en gaz, après la guerre déclenchée par la Russie en Ukraine. Les opérateurs s’inquiètent également des suites possibles du coup d’État militaire intervenu au Niger en juillet dernier. Pour rappel, le pays assure 4% de la production mondiale. À cela s’ajoute le vote très récent, par la Chambre des représentants aux États-Unis, d’un embargo sur l’uranium russe (5% de la production mondiale), que le Sénat doit encore voter.

Rouverture de mines

Pour alimenter le marché, des mines sont rouvertes dans plusieurs endroits du monde, notamment dans l’Utah, dans l'Ouest américain. Au niveau mondial, ce sont 58 000 tonnes d’uranium qui ont été extraites l’année dernière. Et la pression de la demande va continuer d’augmenter. Le premier producteur mondial est le Kazakhstan, qui fournit à lui seul environ 45% du marché. On entre là de plein pied dans la dimension géopolitique de la transition énergétique.

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