Cet article date de plus d'un an.

EDF redevient officiellement une entreprise 100% publique

Mardi 8 juin, l’État reprend le contrôle de l’énergéticien à l’issue de sa renationalisation
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le siège social d'EDF à Paris - La Défense. (PHILIPPE TURPIN / MAXPPP)

C’est le dernier épisode d’un feuilleton dont le début remonte à juillet de l’an dernier avec l’annonce de l’opération par la Première ministre, Elisabeth Borne. L’État possédant 84% du capital d’EDF souhaitait reprendre la main totalement pour relancer plus vite le nucléaire. La dernière phase intervient donc jeudi 8 juin à l’issue d’une offre publique d’achat (OPA) sur les derniers titres EDF restant côtés en Bourse, mais aussi après moult rebondissements et les recours de petits actionnaires s’estimant spoliés, finalement déboutés par la justice, la cour d'appel de Paris en l'occurrence.

Une aventure boursière de 17 ans

L'ouverture du capital d’EDF et son entrée sur le marché ont eu lieu en 2005. Prix de rachat de l’action aujourd’hui : 12 euros, alors que cinq millions de Français avaient payé 32 euros au moment de la semi-privatisation. Au total, l’État débourse 9,7 milliards  d’euros pour reprendre la main sur le groupe.

Cette renationalisation d’EDF a une portée plus que symbolique pour l’État actionnaire qui envisage de construire six réacteurs nucléaires EPR de nouvelle génération et relancer la filière. Loin d’être symbolique également pour cette entreprise qui affichait l’an dernier une perte proche de 18 milliards d’euros et qui est endettée aujourd’hui à hauteur de 64 milliards. Le pouvoir politique et le nouveau patron d’EDF, Luc Rémont – successeur de Jean-Bernard Lévy –, vont maintenant négocier avec Bruxelles les modalités de financement des nouveaux réacteurs.

Le contexte reste difficile en Europe

Cela va se faire sur fond de différents importants entre États membres de l’Union sur l’avenir du nucléaire. Bras de fer notamment avec l'Allemagne. Et puis, en interne, Luc Rémont devra trouver un terrain d’entente avec son nouvel actionnaire à 100% (l’État) sur l’encadrement des prix de l’électricité. Le mécanisme en vigueur jusqu’à fin 2025, baptisé Accès régulé à l'électricité nucléaire historique (Arhen), oblige EDF à vendre de l’électricité à bas prix à ses concurrents, des fournisseurs alternatifs, pour limiter la facture des ménages. Un système objectivement handicapant pour le groupe.

Le dispositif, très politique pour l’État vis-à-vis des foyers français, n’est pas tenable pour une entreprise surendettée, mais comment envisager la suite ? Le PDG Luc Rémont doit maintenant présenter sa feuille de route à l'issue, là aussi, d'un très probable bras de fer entre le PDG et sa nouvelle tutelle.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.