Toumaï, notre ancêtre de sept millions d’années, marchait bien sur deux pieds
C’est peut-être la fin de 21 ans de controverse entre chercheurs. Toumaï, notre ancêtre de sept millions d’années, considéré comme le plus ancien représentant de l’humanité, marchait bien sur ses deux pieds.
Le verdict publié dans la revue Nature était très attendu, 21 ans après la découverte sur un chantier de fouilles, à Toros-Ménalla au Tchad, de ce crâne vieux de sept millions d’années – l’époque où l’on situe habituellement la bascule entre le chimpanzé et l’homme. Avec Sahelanthropus (Toumaï pour les intimes) on est avant Orrorin le Kenyan, qui était jusqu’ici le plus ancien avec six millions d’années et bien bien avant Lucy l'Ethiopienne, australopithèque de trois millions d’années.
L’enjeu donc est énorme, parce que si Toumaï était quadrupède, ce que certains chercheurs ont encore affirmé il y a deux ans, il sort de la catégorie "humain". Mais visiblement, il était bien bipède. La forme de son crâne le suggérait, puisque le trou occipital plaçait la colonne vertébrale sous ce crâne (c'est logique pour un homme debout ) sachant qu'il serait en arrière pour un quadrupède. Cette hypothèse avait été contestée à cause de l'état du crâne, d’où l’importance du fémur qui a donc fini par parler, grâce au travail conjoint du laboratoire de l'évolution de l'Université de Poitiers, du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et ,côté tchadien, de l’Université de N’Djaména et du Centre national de recherche pour le développement (CNRD).
Principalement bipède
Toumaï était donc un homme de 43 à 50 kg. Bipède principalement, au sol, mais il continuait à se déplacer dans les arbres, selon l’un des auteurs de l’étude, le paléo-anthropologue, Franck Guy. D’après les deux cubitus (les os du bras) qui ont également été analysés, dans les arbres il pouvait même refaire du quatre pattes mais en agrippant les branches à pleine main, là où les chimpanzés avant lui prenaient appui sur le dos de leurs phalanges. Une série d’analyses extrêmement poussées s'est déroulée : biométrie, morphométrie, biomécanique, imagerie 3D... Tout a été mesuré et comparé avec les données des chimpanzés, gorilles, orang-outans, australopithèques, Homo sapiens...
23 caractères ont été explorés. En voici deux : le fémur de Toumaï est plus épais, comme pour l’humain actuel. Preuve que les muscles de la hanche le sollicitaient pour se déplacer sur deux pieds et la torsion de ce fémur où là aussi, est très proche de celle des humains.
Les fouilles vont continuer
L'urgence des chercheurs, c’est de retourner au Tchad, dès le printemps si la sécurité le permet. À la recherche de restes encore plus anciens. Il n’y avait aucune euphorie lors de la présentation de cette publication, mardi 23 août. On sent qu’à tout moment, une nouvelle découverte peut très bien venir balayer leur travail. Les chercheurs ne savent par ailleurs toujours pas pourquoi le chimpanzé s’est relevé, il y a sept millions d’années. Les os, eux, vont repartir à N'Djamena où des copies sont de toute façon exposées pour le grand public.
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