Rechauffement climatique : les plantes exotiques s'installent toujours plus haut en altitude via les routes et chemins de randonnée
Des chercheurs de plusieurs nationalités ont étudié ce qui pousse sur onze massifs montagneux du monde. Et ils ont constaté que depuis dix ans, le nombre d'espèces de plantes exotiques a augmenté de 16% sur les flancs de ces montagnes. On ne parle pas ici de palmier ou de cactus, mais de plantes non-locales. Elles sont importées récemment par les habitants ou les touristes, et selon les pays, elles ne sont pas les mêmes. Le genêt, une plante à fleurs jaunes bien connue chez nous, est par exemple une plante exotique qui gagne du terrain en Amérique du Sud. En Europe, dans les Alpes, c’est le lupin à folioles nombreuses, une plante à clochettes rose ou violette qui prend ses aises, mais elle est originaire au départ d'Amérique du Nord.
Ce qui est frappant actuellement, c’est qu'avec le réchauffement climatique, non seulement ces espèces exotiques s’installent toujours un peu plus haut en altitude chaque année. Mais en plus, elles prennent de court les plantes locales parce qu'elles grimpent plus vite qu'elles. Dans les Alpes, par exemple, elles grimpent cinq fois plus vite que les plantes locales et gagnent 10 mètres d'altitude chaque année en moyenne.
Les plantes exotiques plus "fortes" que les espèces natives
Ces plantes exotiques sont très opportunistes dans leur ascension. Elles empruntent les routes et les chemins de randonnée. D’un part parce que sur ces axes, les graines se collent aux roues des voitures ou aux chaussures des randonneurs et surtout : "Une route construite par l’homme, c’est aussi un écosystème qui a été perturbé. La communauté des plantes locales n’est plus aussi forte pour contrôler les intrus. Donc le long des routes, dans un écosystème fragilisé, les espèces exotiques sont plus fortes que les espèces natives pour coloniser l'espace” explique Jonathan Lenoir, chercheur CNRS en écologie, qui a participé à ces travaux.
C’est un problème que ces plantes exotiques soient de meilleures grimpeuses que leurs cousines locales parce qu’il y a un risque que certaines ne deviennent envahissantes et nuisent à la flore locale. Il est encore trop tôt pour repérer celles qui poseront problème, donc les scientifiques vont continuer à observer ce qui passe, mais leurs travaux montrent aussi l'importance en montagne, des zones naturelles, sans routes, pour préserver la biodiversité locale.
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