Pourquoi la chauve-souris héberge-t-elle autant de virus sans développer de maladies ?
C’est une avancée francaise. Grâce à des travaux du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), on comprend mieux comment la chauve-souris peut héberger des virus sans tomber malade.
La chauve-souris est un mammifère aux capacités fascinantes. Non seulement elle vit très longtemps, développe peu de tumeurs, mais en plus elle résiste aux virus qu’elle héberge. Par exemple, des coronavirus, des virus influenza de la grippe, des virus de l'hépatite B, des virus apparentés au monkeypox, etc.
Pourquoi ces virus sont-ils neutralisés chez certaines chauves-souris, alors qu’ils déclenchent des symptômes parfois mortels chez d’autres mammifères ou chez les humains ? Pour le comprendre, des chercheurs du CNRS ont croisé des données de génétique et de virologie, ils ont observé comment l’organisme de ces chauves-souris s'est adapté au cours des différentes épidémies et ils ont découvert que la réponse se trouvait notamment dans le nombre de copies d’un gène.
En fait, ce gène PKR fait partie de l’arsenal de défense contre les virus. La majorité des mammifères le possèdent. Il code pour une protéine capable de repérer les virus et de déclencher des réponses immunitaires. Mais au lieu d’avoir une seule copie de ce gène PKR, certaines chauves-souris en ont plusieurs. C’est comme si elles avaient plusieurs armes et boucliers qu'elles peuvent adapter au virus ennemi (alors que la plupart des mammifères n’ont qu’une seule technique de parade). Au fil de l'évolution de l'espèce, cette mutations génétique avantageuse pour la survie des chauves-souris a été transmise de façon héréditaire.
Une avancée sur de possibles traitements médicaux
Cette découverte pourrait aussi faire avancer la médecine humaine. Car d’abord, on le sait, 75% des maladies infectieuses qui émergent chez l’homme actuellement sont d’origine animale. Donc il est très utile d'étudier et comprendre les interactions entre les virus et leurs hôtes réservoirs, explique Stéphanie Jacquet, chercheuse CNRS au laboratoire de biométrie et de biologie évolutive de Lyon, car cela permet d’obtenir des informations pour tenter d'anticiper des émergences virales.
Par ailleurs, c'est aussi en étudiant les mécanismes de défense chez ce genre d’animaux résistants que l’on pourra peut-être, dans le futur, avancer sur de possibles traitements.
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