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Les trottinettes électriques alourdissent le bilan carbone de Paris

Les trottinettes électriques ne sont pas si écolo que ça ! Une étude vient de montrer que les services de "free floating" avaient même augmenté les émissions de CO2 de la ville de Paris. 

Article rédigé par Anne-Laure Barral
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un homme à trottinette à Paris. Photo d'illustration. (JOEL SAGET / AFP)

Vous pensiez que les trottinettes électriques, c'était mieux pour l'environnement ? Une idée reçue à laquelle une étude du Journal of Cleaner Production a décidé de tordre le cou. L'étude a été menée par Anne de Bortoli, ingénieure en génie urbain à Paris Tech et rattachée au groupe Eurovia (Vinci), et sa collègue Zoi Christoforou, de l'université de Patras en Grèce.

Leur arrivée a même alourdi le bilan carbone de la ville de Paris de 13 000 tonnes en un an. C’est à peu près autant que ce qu'émet une ville comme La Baule (16 000 habitants) sur une année.  

Impact carbone en fonction des modes de transport. Etude "Consequential LCA for territorial and multimodal transportation policies: method and application to the free-floating e-scooter disruption in Paris". (ANNE DE BORTOLI CC BY-NC-ND)

Si les trottinettes ne se retrouvent pas si bien classées, c'est parce que on les utilise assez peu à la place de la voiture. Cette étude s’est basée sur une enquête faite auprès de 500 usagers à l’été 2019 dans les rues de Paris. Seuls 7% remplaçaient un trajet en voiture par la trottinette, les deux tiers utilisaient le métro avant et un quart le vélo ou la marche à pied. Finalement, le scooter électrique, qui remplace le plus souvent une voiture ou un scooter thermique, se retrouve mieux noté dans l'étude

Le poids carbone de la fabrication et de la gestion

La fabrication de ces trottinettes a nécessité de creuser des mines, d'utiliser de l'énergie... Même si les données de chaque fabricant ne sont pas toujours transparentes, l'étude s'est basée sur des analyses de cycle de vie indépendantes sur les produits. En plus, on a utilisé des camionnettes diesel pour les déplacer et les recharger. Il y a deux ans, Paris s’est retrouvée le plus gros marché mondial de trottinettes en partage avec une dizaine d'opérateurs différents, c'était un peu l'anarchie (aujourd'hui il n'y a en a plus que trois). En plus, une trottinette cumule assez peu de kilomètres : 3 750 km en tout, selon l’étude. Une moyenne plutôt généreuse, alors que des données aux États-Unis estiment qu’elles ont une durée de vie de 28 jours. Ensuite on les jette, sans forcément bien recycler le cadre en aluminium ou la batterie. Mais outre-Atlantique, il y a aussi plus d'automobilistes qui prennent la trottinette à la place de la voiture, jusqu’à 15%. 

Pour autant, les auteurs de l'étude ne disent pas qu'il faut jeter ces trottinettes. Elles invitent les villes qui voudraient lancer ce service à être exigeantes avec leurs gestionnaires. Pour les usagers à Paris, l'impact climatique de la trottinette est quand même meilleur que le bus, le scooter, la voiture et surtout le taxi. Selon l'étude, le taux d'occupation des taxis parisiens, plus faible que les voitures des particuliers, et les motorisations plus grosses des berlines expliquent ce lourd bilan carbone malgré de plus en plus de taxis électriques ou hybrides rechargeables.

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