Le nez électronique, l'appareil qui permettrait de détecter des maladies à travers l'haleine du patient
Repérer des maladies grâce à l'haleine du patient : cette promesse devient de plus plus crédible grâce aux progrès du nez électronique.
L'appareil n'a rien de l'apparence d'un nez humain. Il faut plutôt imaginer un boîtier, avec un tuyau dans lequel on souffle. Grâce aux capteurs de ce boîtier, qui sont reliés à des programmes informatiques, il est possible ensuite de repérer telle ou telle molécule dans l'air que l'on expire.
Il faut savoir que dans une seule expiration, nous rejetons 3 000 à 4 000 molécules différentes à chaque fois. Mais certaines maladies, en modifiant le fonctionnement des organes ou des hormones, font que l'on va rejeter des composés inhabituels. Ce sont ces molécules inhabituelles que les chercheurs cherchent à identifier depuis plusieurs années grâce à des nez électroniques. Dernière découverte en date : des chercheurs hollandais ont montré que chez des patients greffés du poumon, l'haleine se modifie s'il ya un début de rejet de la greffe. Dans 85% des cas, le nez électronique est capable de repérer ce phénomène bien avant que les symptômes apparaissent. Cela pourrait donc à l'avenir améliorer la survie des patients.
L'espoir de dépistages de masse à partir d'un prélèvement d'haleine
Ce nez électronique pourrait-il repérer des cas de Covid-19, ou des cancers comme le font certains chiens ? Ce serait l'idéal et des équipes y travaillent, comme celle du Pr Jean Louis Couderc, à l'hôpital Foch de Suresnes. On n'arrivera pas à reproduire avec une machine la sensibilité de l'odorat d'un chien, mais certains nez électroniques sont déjà capables de repérer à partir d'échantillons d'air, de sueur ou d'urine des cas de cancers de l'estomac, de la vessie ou du pancréas. Le nez expérimenté à l'hôpital Foch a aussi pu détecter avec un taux de succès de 93% la présence du virus du Covid-19. L'espoir des chercheurs est que d'ici dix ans, on puisse utiliser ces nez électroniques pour faire du dépistage de masse à partir d'un simple prélèvement d'haleine.
Cela ne remplacera évidemment pas les examens par prise de sang, imagerie, scanner, mais ce pourrait être une première étape, une première surveillance qui permet de gagner du temps. La plus grosse difficulté est de mettre au point les modèles mathématiques qui permettent de distinguer une empreinte respiratoire normale d'une empreinte anormale sur le plan de la santé.
Ces nez peuvent aussi servir en dehors de la santé et cela existe déjà en partie. À l'avenir, ces nez électroniques pourraient être de plus en plus utilisés pour détecter des polluants atmosphériques, des fuites de gaz. Dans l'alimentation, ils pourraient aussi permettre d'évaluer rien qu'à l'odeur la fraîcheur, la qualité des aliments ou le degré de maturité d'un fruit.
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