Le Covid touche-t-il seulement les plus pauvres ?
Le Covid a révélé les inégalités sociales face à l'accès à la santé. Les villes les plus pauvres ont été durement frappées par la crise sanitaire l'an dernier. Et elles se retrouvent face à une nouvelle vague de contaminations. En Seine-Saint-Denis par exemple, le taux d'incidence atteint près de 800 cas pour 100 000 habitants.
Avec plus de 35 000 nouveau cas de Covid par jour, la France vit une nouvelle vague de l’épidémie. Une épidémie qui touche tout le monde, mais pas au même moment. On pense bien sûr aux départements les plus peuplés, mais aussi les plus pauvres. En Seine-Saint-Denis, le taux d'incidence est à près de 800 cas pour 100 000 habitants. Il faut dire qu'il n'y est pas facile de se mettre en télétravail quand on doit livrer des repas, encore moins en contrat précaire. Il n'est pas facile non plus d’isoler le cas Covid à la maison quand il n’y a que deux pièces pour six. Selon une étude d’économistes français, le risque de surmortalité à cause du Covid est 60% plus élevé dans les communes à faibles revenus que dans les plus riches.
Pas de critères ethniques dans les statistiques françaises
En France, il n'y a pas de statistiques ethniques, ce que regrettent beaucoup de chercheurs. Dans l’enquête Epicov, les sociologues et épidémiologistes de l'Inserm et de l'Insee étudient les critères sociaux, pour comprendre qui est le plus touché par la maladie. En ce moment, ils analysent les données de la deuxième vague d’octobre. Mais au Royaume-Uni et aux États-Unis, il y a des chiffres clairs. L'an dernier, les infections étaient trois fois plus élevées chez les afro-américains que chez les blancs. À Chicago, 70% des morts du Covid étaient des personnes de couleur noire alors qu’elles ne représentent que 32% des habitants de la ville. Mais ce sont aussi les habitants qui vivent le plus dans la précarité.
Les plus riches plus touchés au début de l'épidémie
Les plus pauvres et les plus âgés sont ceux qui souffrent le plus de l'épidémie. D'abord, ils font les formes les plus graves du fait de leurs comorbidités plus nombreuses. Mais est-ce que ce sont eux qui se contaminent le plus ? Et qui respectent le moins les gestes barrières ? Aujourd’hui, ce n’est pas sûr. L’étude Epicov a aussi montré qu’au début de la vague de l’an dernier, les plus riches ont plus vite été infectés, puisqu'ils ont eu plus d’interactions sociales et qu'ils ont davantage voyagé. Ils ont été deux fois plus contaminés que les classes moyennes. Ensuite, ils ont pu se mettre à l’abri en télétravail pendant le confinement.
Mais aujourd’hui, avec la crise qui dure, ce sont aussi ceux qui peuvent plus facilement recevoir plus de six personnes, donc de nouveau se contaminer, notamment avec des variants plus contagieux. Les sociologues attendent donc de voir si les inégalités sont toujours aussi fortes dans cette troisième vague. Ils regardent surtout si elles se poursuivent dans l’accès aux vaccins ou dans les hésitations à se faire vacciner. En Seine-Saint-Denis, seule 7% de la population est vaccinée. Mais elle est jeune et n'est donc pas prioritaire. Une nouvelle étude sur ce sujet est prévue dans les prochaines semaines.
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