Le billet vert. La crise du coronavirus a réduit la pollution
La Nasa montre, avec des images satellites à l'appui, une baisse spectaculaire en Chine du dioxyde d’azote à cause du coronavirus et de la vie au ralenti qu'il impose.
La crise du coronavirus a fait baisser les émissions mondiales de CO2 d'au moins 6%. En mettant l'économie mondiale au ralenti, les mesures drastiques prises en Chine pour limiter la propagation du Covid-19 ont aussi des effets sur la pollution de l'air.
Des images satellites publiées ce week end par la Nasa montrent une baisse spectaculaire en Chine du dioxyde d’azote. Ce gaz polluant émis principalement par les voitures, les industries, a été divisé par cinq en deux mois. Au point de réduire aussi les épisodes d'épais brouillards orangés et acres, ces "airpocalypses", que l’on voit souvent en hiver autour les grandes villes chinoises. Là, le ciel est bleu quand il fait beau. Il faut dire qu’une ville comme Wuhan, c’est 11 millions d’habitants, presqu’autant que toute l’Ile-de-France, qui ne prennent plus la voiture, et avec des dizaines de grandes usines qui ne tournent plus faute de salariés. L’effet est donc très visible.
Une réduction d'au moins 6% des émissions mondiales de CO2
Le groupe de recherche britannique Carbon Brief a calculé que sur les deux premières semaines de février les émissions mondiales de CO2 ont baissé de 6%. C’est logique puisque la Chine est le plus gros émetteur de la planète, donc quand elle baisse sa pollution cela a un effet mondial. Selon les indicateurs économiques chinois, le pays a réduit d'un quart ses émissions par rapport à la même période. Par exemple en clouant au sol de nombreux avions. Les vols intérieurs ont baissé de 70% et il y a moins de liaisons avec l’étranger. Comme l’avion est le mode de transport le plus polluant, cela a fait baisser de 11% les émissions de l’aviation mondiale. La Chine produit aussi moins d’acier, de vêtement, de téléviseurs, etc. Et il faut de l'énergie pour faire tourner toutes ses usines. Une énergie principalement basée sur le charbon et le pétrole. Mais aujourd’hui, par exemple, les raffineries chinoises de la province du Shandong au sud de Pékin produisent aussi peu qu'il y a cinq ans, quand il y avait également un ralentissement de l'économie.
Une évaluation temporaire
Est-ce qu'il n'y a que le Covid-19 pour expliquer cette réduction de la pollution ? La météo joue aussi sur le dioxyde d'azote, s'il y a plus de vent ou de pluie cela réduit aussi les épisodes. La Chine connaît régulièrement des améliorations de la qualité de l'air au moment des vacances du Nouvel an, mais généralement elle remet très vite en route ses centrales à charbon et ses émissions regrimpent. Selon les calculs des chercheurs britanniques le ralentissement de ce début d’année réduira de 1% la pollution annuelle. Les calculs ne sont pas terminés puisqu'aujourd’hui d’autres zones du globe, comme l'Europe, sont touchées par l’épidémie. L'Europe est le troisième émetteur mondial, l’effet pourrait être plus important mais elle ne prend pas pour l'instant de mesures aussi drastiques que la Chine. Il n'est pas question pour le Carbon brief de se réjouir des plus de 3 000 morts du coronavirus mais juste de montrer à quel point notre économie mondiale est toujours très "carbonnée", et que sa bonne santé n'est toujours pas liée à la bonne santé de notre climat.
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