Le billet vert. L'Arche de Noé végétale ouvre exceptionnellement ses portes sur l'île du Svalbard, en Arctique
Cette banque de semences renferme des graines du monde entier, mises à l'abri dans une chambre forte à -18°C. Elle va accueillir aujourd'hui des graines déposées par des Cherokees d'Amérique du Nord.
Bienvenue dans la ville de Longyearbyen, sur l'île du Svalbard, dans l'archipel du Spitzberg à 1 300 km à peine du pôle Nord. C'est ici qu'il y a un peu plus de 10 ans, la Norvège et ses voisins ont décidé de mettre à l'abri des graines de plantes dans une chambre forte à -18°C construite dans une ancienne mine de charbon. Le projet Global Seed Vault est ouvert aujourd’hui aux autres pays pour qu'ils puissent aussi conserver la diversité de leurs fruits, de leurs légumes, de leurs plantes médicinales.
La diversité de nos végétaux est immense et quand on se désole de la disparition d'un animal, on pense moins à la disparition de nos plantes alors qu'elles nous sont aussi très utiles. Cette réserve contient aujourd'hui près d'un million de semences non OGM de maïs, d'aubergines mais aussi plusieurs centaines de types de pommes de terre. À l’extérieur, c’est un gros bloc de béton fermé par une lourde porte métallique et, à l’intérieur, un long couloir conduit à une sorte de coffre-fort où les graines sont rangées sur des étagères. Ce bunker ultra sécurisé n'ouvre que très rarement ses portes, sauf aujourd'hui.
Patrimoine culturel et végétal
La réserve va accueillir les graines de neuf plantes envoyées depuis les Etats-Unis par des représentants des Cherokees, ces peuples autochtones d’Amérique du Nord. Les ethnologues estiment qu'ils ne sont plus que 5 millions descendants des premières nations à vivre principalement aujourd'hui dans l'Etat de l'Oklahoma. Pour conserver leur patrimoine culturel, ils ont décidé d’envoyer des graines de haricots, de courge et de maïs dit aigle blanc, sorte de plante sacrée pour eux qu'ils cultivent depuis très longtemps, bien avant l'arrivée des Européens sur leur continent.
Une banque génétique de graines, celle du Centre international de recherche agricole des zones arides (Ircada) a déjà demandé le rappel de certains de ses échantillons envoyés au Spitzberg. En 2015, à cause de la guerre en Syrie, l'Ircada ne pouvait plus accéder à sa réserve de graines dans la ville d’Alep. Après avoir cultivé ses graines de pois chiche, de lentilles entre autres au Maroc et au Liban, il a pu reconstituer son stock et renvoyé de nouvelles graines en Norvège. Un stock très utile pour aider les agriculteurs du bassin méditerranéen à trouver les semences qui résistent le mieux au réchauffement du climat, ou encore quelle plante renferme les médicaments de demain. Pour les chercheurs, ce grenier à graines norvégien est train de constituer un végétal trésor, celui de la diversité génétique végétale de notre planète.
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