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Le billet vert. Des députés européens volent aux secours des pollinisateurs

Le Parlement européen doit voter mercredi 23 octobre pour ou contre une nouvelle méthode d’évaluation des pesticidesDes parlementaires français s’y opposent au nom de la protection des abeilles.

Article rédigé par Anne-Laure Barral
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une abeille colecte le pollen sur une fleur. Photo d'illustration. (ROBERT MICHAEL / DPA)

Pour ou contre une nouvelle méthode d’évaluation des pesticides ? Le Parlement européen vote mercredi 23 octobre sur des tests de toxicologie revisés avant de mettre de nouveaux insecticides sur le marché. Des parlementaires français s’y opposent au nom de la protection des abeilles.

Il y a sept ans, l’Europe a été  secouée par le scandale des néonicotinoïdes, des insecticides qui déciment les abeilles. A l'époque, les agences d’évaluations sanitaires sont droites dans leurs bottes. Ces produits passent bien tous leurs tests et laissent peu de résidus dans l'environnement. Mais les apiculteurs, eux, leur montrent que leurs colonies d'abeilles s’effondrent, et même à 90% par endroit alors l’Efsa : l’Agence européenne d’évaluation sanitaire propose de revoir ses méthodes.

De nouvelles recommandations proposées 

Dès 2013, l’Efsa propose de nouvelles façons d'analyser des impacts des pesticides en prenant en compte aussi les effets sur d'autres pollinisateurs que les abeilles qui nous donnent du miel mais aussi les abeilles sauvages, les bourdons, les papillons : ceux qui pollinisent gratuitement nos fruits, nos légumes. L’Efsa propose aussi de voir les effets à long terme des pesticides et pas seulement s’ils sont toxiques sur le coup, quand les insectes se retrouvent en contact avec. Elle se penche aussi sur l'effet cocktail de ces produits et reconnaît qu’ils sont sous évalués.

Six ans de tergiversation entre États membres

Cela fait donc depuis 2013 que de nouvelles méthodes d'analyses pourraient être mises en place. Les entreprises de la chimie estiment que plus aucun de leurs produits de synthèse ne pourraient passer ces tests. L'Efsa reconnait qu'ils en perdraient une partie mais pas la totalité. Au milieu de ce débat, les gouvernements des États membres n'arrivent pas à se décider. Seule la France veut l’adoption rapide d’une nouvelle méthode sur la base de ce que demmande l’Efsa.

Aujourd'hui, la Commission européenne soumet donc au vote une méthode de tests "à l'ancienne", qui prenne en compte uniquement la toxicité aigüe et non chronique, par exemple sur les abeilles. Les parlementaires européens devront donc dire s'ils acceptent la proposition de la Commission ou s'ils la renvoient à ses chères études pour mieux suivre les recommandations de son agence sanitaire.

Ces parlementaires sont d'un spectre large qui va du nouveau parti Renew, auquel appartiennent les élus En Marche, à l’extrême gauche en passant par les Verts et les socialistes. Comme quoi, sur l’environnement, ils peuvent parfois voter comme un seul homme. Et pour une fois que les parlementaires écolo ne critiquent pas l’Efsa comme trop proche des intérêts économiques de la chimie. Un discours à noter.

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