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Le billet vert. Apiculteurs et agriculteurs : je t'aime, moi non plus !

Le salon international de l'agriculture ouvre ses portes ce samedi 22 février. Jusqu'au 1er mars, Radio France, et notamment franceinfo, sont partenaires de cet événement, et présents sur le salon dans le pavillon 1. Gérard Feldzer a rencontré des apiculteurs plutôt inquiets devant la disparition des abeilles. 

Article rédigé par franceinfo, Gérard Feldzer
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une abeille butine une fleur (illustration). (FRED TANNEAU / AFP)

Le 57e salon international de l'agriculture ouvre ses portes aujourd'hui, ce samedi 22 février. Et il restera ouvert jusqu'au dimanche 1er mars 2020 (de 9h à 19h) au Parc des expositions de la porte de Versailles, à Paris. Un secteur en pleine révolution, qui doit répondre aux attentes d’une population mondiale de plus en plus importante. Mais certains corps de métier sont inquiets, c’est notamment le cas des apiculteurs.  

10 000 tonnes de miel récoltées en 2019 contre
20 000 en 2018

La production de miel a été divisée par sept en quelques années, et les trois quarts sont importés. D’un côté, des agriculteurs, souvent contraints d’utiliser des pesticides, et de l’autre, des apiculteurs qui en sont les victimes. Les humains sont responsables de la disparition de 80% des insectes volants en seulement 25 ans. 

Aujourd’hui il y a un combat collectif à mettre en œuvre pour réussir à enrayer cette extinction de la biodiversité et clairement il faut que tous les corps de métier, toutes les parties prenantes se mettent en mouvement, et oui bien sûr les apiculteurs se tournent vers les agriculteurs en disant : arrêtez, s’il vous plaît, d’utiliser tous ces produits qui déciment les essaims.

Maxime de Rostolan, fondateur de Fermes d'avenir

Le danger est le déficit de pollinisation, essentiel pour nous nourrir des végétaux, mais aussi pour notre santé. Ces abeilles sont les premières victimes des pesticides, mais c’est aussi une menace pour la santé humaine.

Les consommateurs se font du souci pour l’environnement mais aussi pour leur santé, parce que ce n’est quand même pas anodin d’ingérer au quotidien des centaines de molécules toxiques, même à de faibles concentrations, mais qui peuvent, sur la durée, affecter notre santé.

Edward Mitchell, biologiste des sols à l'université de Neuchâtel

Des solutions à notre portée

Il existe bien sûr des solutions pour abaisser, voire arrêter les pesticides, mais on se heurte à la productivité, conséquence d’une concurrence internationale. C’est un choix de société et c’est précisément ce qui est discuté en ce moment à Bruxelles et Paris, le sort des abeilles en dépend. 

"On ne peut pas, ni s’attendre à ce que le consommateur face le pas, ni à ce que les agriculteurs puissent eux-mêmes faire la démarche, ajoute Edward Mitchell. Je pense qu’ils le voient eux-mêmes, ils voient la qualité de leur sol, ils voient la biodiversité dans leurs champs décliner, et beaucoup se posent des questions. Donc ils peuvent aussi, avec les citoyens, avec les consommateurs, faire pression sur le gouvernement pour dire on veut changer de système, mais il faut nous aider à changer de système."

Les abeilles n’ont pas fini de nous étonner

Les abeilles ont développé une vie sociale où les décisions sont débattues, mieux qu’à l’Assemblée nationale. Une communication concrétisée par une danse qui indique la trajectoire et la distance des sites pour butiner, sans oublier la communication chimique, par phéromones.

Leur cerveau, d’un millimètre cube, possède une mémoire visuelle et olfactive à faire pâlir tous les informaticiens, et les abeilles, c'est le miracle du vol. Elles représentent sans conteste le rêve de tous les aviateurs : une voilure repliable qui pivote jusqu'à 200 fois par seconde, qui permet le vol stationnaire et le vol de croisière à 50 à l’heure. Une énergie qui fait qu’un kilo de miel nécessite la visite de 5 millions de fleurs, qui dit mieux ?   

Pour tout savoir sur les abeilles, un livre vient de sortir : Abeilles, une histoire intime avec l’humanité, une co-édition CNRS-Cherche-midi. 

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