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Environnement : quel est l’impact des crèmes solaires sur les océans ?

C’est une pollution invisible, mais réelle : 25 000 tonnes de crème solaire sont déversées dans les mers chaque année. Que sait-on de leur impact sur l'environnement ?

Article rédigé par franceinfo - Anne Le Gall
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 239 min
Un tube de crème solaire sur une plage. (JEAN-LUC FLEMAL / MAXPPP)

25 000 tonnes de crème solaire déversées dans les océans chaque année, cela correspond à 48 litres déversées dans les océans chaque minute à l'échelle de la planète. Un chiffre fou dévoilé par la Fondation pour la nature et l'homme, que valide Jérôme Labille, chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) d'Aix-en-Provence.

Selon ses calculs, pour une seule plage de Marseille, il a obtenu le chiffre de 52 kg de crème solaire qui finit chaque jour dans la Méditerranée en été. Or, même si l'on manque encore d’informations sur l’impact réel de cette pollution : il y a déjà des certitudes. La première est que certains filtres solaires chimiques sont toxiques pour les coraux, que d’autres s’accumulent dans les racines des posidonies, une herbe aquatique essentielle à la vie sous-marine en Méditerranée. Certains chercheurs s'interrogent sur la possibilité que certaines molécules, notamment des perturbateurs endocriniens, ne se retrouvent dans la chaîne alimentaire via les poissons ou les coquillages.

En cause : la crème solaire qui ne reste pas totalement sur la peau quand on se baigne. Les scientifiques estiment que 25% de la quantité de crème étalée sur le corps se dilue dans la mer au bout de 20 minutes de baignade. Et c'est une moyenne. C'est pour cela qu'Hawaï ou et les îles Palaos dans le pacifique ont déjà interdit certains produits solaires contenant des ingrédients nocifs pour les coraux. Ce sont, par exemple, des filtres comme l'octocrylène, oxybenzone, octinoxate, ou certains parabens qui sont des conservateurs.

Pas question de se passer de crème solaire

Les crèmes solaires minérales ne sont pas forcément plus respectueuses de l’environnement. Pour le chercheur Jérôme Labille, les particules de dioxyde de zinc ou de titane (qui servent d'écran solaires minéraux) sont enrobées d’un couche protectrice qui empêche ces molécules d'être toxiques pour nous dans le corps. Mais on ne connaît pas bien le devenir de ces filtres minéraux dans l'océan ensuite, ni la durée de vie de cet enrobage protecteur.

Ensuite, il existe désormais des crèmes avec des labels “protection de l'océan" : c’est mieux que rien car, au moins, ces crèmes ont passé quelques tests, mais ce n’est pas non plus une garantie totale car les analyses d’impact écotoxique n’ont été réalisées que sur certains organismes marins et pas sur l’ensemble de l'écosystème.

Comme il n'est pas question de se passer de crème solaire, il faut garder en tête certains réflexes de bon sens :  utiliser plutôt une crème résistante à l’eau et surtout de ne pas se couvrir de crème immédiatement avant d’aller se baigner, mais plutôt une demi-heure avant d'aller à l'eau, pour que la peau puisse en absorber une bonne partie.

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