Covid-19 : des chercheurs analysent comment la parole propulse le virus ?
Que ce soit dans un bar ou chez soi, dès que l’on parle sans masque, on propulse des aérosols. Et selon des chercheurs français, certaines syllabes en envoient plus dans l’air.
Deux études signées par des chercheurs du CNRS, l'une publiée dans PNAS et l'autre dans Physical Review Fluids, se sont penchées sur ce qui pouvait servir de mode de transports aux aérosols chargés de virus pour tenter de trouver des solutions pour les limiter.
Deux chercheurs, Manouck Abkarian (en poste au printemps dernier à l'université de Princeton aux États-Unis) et son collègue Simon Mendez (CNRS de Montpellier), ont donc mêlé phonétique et mécanique des fluides pour comprendre comment la parole propulse du virus. Ils ont remarqué que ce sont les consonnes plosives ou occlusives comme le P de Papa, les B, K, D, ou le GUE, qui envoient le plus d'aérosols dans l'air. Toutes celles en fait que l’on prononce en bloquant l’air au niveau de la bouche, du pharynx et de la glotte, et que l’on relâche d’un coup. D’ailleurs, ce sont souvent celles-là qui vous font postillonner.
Un mètre de distance, ça n'a aucun sens si on ne prend pas en compte le temps passé dans une pièce.
Manouk Abkarianchercheur au CNRS
Pour comprendre ça, ils ont réalisé plusieurs expériences. Par exemple, un homme enfermé dans une pièce filmée par une caméra avec une machine à brouillard et une lumière laser a répété plusieurs fois "peter piper picked a peck". Là, les aérosols atteignent 2 mètres en 30 secondes. Par contre, avec d'autres phrases comme "sing a song of sixpence", la projection est plus basse, et les particules tombent à 50 centimètre ou 1 mètre de l'homme.
Manouk Abkarian and Howard Stone demonstrate that an ordinary lip balm reduces droplets that could spread COVID-19 via speech-driven flows@APSPhysicsEd video: https://t.co/rRKbY3mfqs
— Physical Review Fluids (@PhysRevFluids) October 2, 2020
Paper: https://t.co/1zPWrM4p4d pic.twitter.com/Y2HiGrRPN3
Les chercheurs en concluent donc que se tenir à un mètre de distance quand on se parle en face sans masque n'a aucun sens. Surtout si on passe du temps dans une pièce peu ventilée. Même si certaines personnes peuvent parler moins fort et donc propulser moins loin leurs aérosols.
Les chercheurs ont aussi mis en place un échange avec le Metropolitan Opera de New York pour préparer la reprise des représentations l’an prochain. Pour que les artistes n'aient pas à porter de masque sur scène, et que les spectateurs puissent occuper tous les sièges, l'idée serait de faire une ventilation séparée entre la scène et le public. Autre option : raccourcir les opéras pour un public plus jeune ("Cendrillon" en 90 minutes par exemple), avec toujours le même objectif : propulser moins loin et moins longtemps les particules.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.