Cet article date de plus de deux ans.

Les robots cueilleurs arrivent

franceinfo est au Salon de l'agriculture en ce samedi 26 février. Justement, la science se met au service de l'agriculture : de nouvelles technologies voient le jour comme des machines pour cueillir les fruits.

Article rédigé par franceinfo - Mathilde Fontez
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un robot cueilleur de framboises, de fraises et de raisins... (FIELDWORK ROBOTICS)

Avec Mathilde Fontez, rédactrice en chef du magazine scientifique Epsiloon, et à l'occasion du Salon de l'agriculture qui ouvre ses portes au public, Porte de Versailles à Paris, en ce samedi 26 février, le billet science du jour est consacré aux outils technologiques nouveaux qui seront bientôt au service des agriculteurs. 

franceinfo : La science au service de l’agriculture, ça donne quoi ? Des technologies qui se développent, et en particulier des robots pour cueillir les fruits…  

Mathilde Fontez : Oui, de petites mains robotiques capables d’attraper les pommes, les grappes de raisin, et surtout les fraises et les framboises. Il n’y en a pas cette année au Salon de l’agriculture. Pas encore. Mais il pourrait y en avoir, en démonstration, dans quelques années : des robots cueilleurs. On comprend leur intérêt : la cueillette est très coûteuse en main-d’œuvre. Main-d’œuvre qui est d’ailleurs venue à manquer à l’été 2020, à cause de la pandémie de Covid.

Cela fait donc des années – depuis les années 80 en fait – que les spécialistes en robotique essaient de mettre au point de tels robots, capables de détecter quand une fraise est mûre, et de l’attraper sans l’abîmer.   

Et ça marche vraiment ? Ces robots y arrivent ?

Ça commence à marcher. Les démonstrations techniques se multiplient ces dernières années. Il y a par exemple le robot "Robocrop", mis au point en 2019 par l’entreprise britannique Fieldwork Robotics, qui est en phase de test, sous serre. Il est spécialisé dans la framboise. Preuve de l’intérêt des industriels : l’entreprise Bosch s’est associée au projet en 2020.

Il y a aussi le robot américain Traptic, qui réussit à attraper des fraises sans les abîmer en les détachant par la tige – la commercialisation des machines commence tout juste. Il y a quelques dizaines d’exemples de ce type dans le monde, qui sont pour la plupart développés par des start-up adossées à des laboratoires universitaires de robotique. Mais pour l’instant, ils ont du mal à passer le cap de la commercialisation.  

Qu’est-ce qui coince pour développer ces robots ?

En fait, un robot cueilleur, ça concentre tous les éléments les plus délicats de la robotique. Des caméras ultra-sensibles : pour reconnaître un fruit mûr, il faut que le robot puisse le voir avec précision, le distinguer des feuilles, analyser sa couleur en extérieur, sans se laisser polluer par les changements de lumière, ni les ombres.

Il a aussi besoin d’un guidage précis – ces robots ont vocation à être autonomes : cela commence à venir – il y a d’ailleurs déjà des robots autonomes en ce moment même, au Salon de l'agriculture. Et bien sûr, il y a le défi de la précision des mouvements.

Une étude de ces technologies, publiée cet été, par une équipe de spécialistes de l’université de Melbourne, a fait le point : sa première conclusion, c’est le manque d’informations. La plupart des entreprises, des start-up, des laboratoires qui conçoivent ces robots ne publient pas encore rigoureusement leurs données – ça dénote sans doute un manque de maturité.

Sur 47 robots étudiés par les chercheurs australiens, seuls 28 ont fourni leurs taux de récolte. Ils peuvent atteindre 80% pour les pommes, les tomates, les concombres. Mais ils restent très faibles pour les fraises, ou les poivrons par exemple.  

Tevel Aerobotics Technologies est spécialisée dans les robots volants de cueillette de fruits. (TEVEL AEROBOTICS TECHNOLOGIES)

Quelles sont les pistes techniques pour améliorer les performances de ces robots ?

Plusieurs laboratoires misent sur l’intelligence artificielle : ces programmes informatiques d’apprentissage par renforcement, qui permettent à un robot de s’entraîner tout seul à une tâche, à force de la répéter. Et surtout, ils travaillent à réduire le coût de la technologie. Parce que pour s’imposer, évidemment, elle devra être compétitive avec la main-d’œuvre humaine.  

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.