Cet article date de plus de deux ans.

"Touche pas à mon poste" : qui est Louis Boyard, le jeune député LFI au cœur de la violente passe d’arme avec Cyril Hanouna ?

L’intrus de l’actu donne chaque soir un coup de projecteur sur une personnalité qui aurait pu passer sous les radars de l’actualité.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Le député LFI Louis Boyard, le 8 novembre 2022 à l'Assemblée nationale à Paris. (THOMAS SAMSON / AFP)

À deux mois près, on aurait pu présenter Louis Boyard comme le plus jeune député de l’Assemblée et même de l’Histoire. En réalité il n’est que le deuxième derrière le Polynésien Temataï Le Gayic. Ils ont été élus à 21 ans tous les deux, en juin 2022, Louis Boyard avec l’étiquette La France insoumise.

C’est bien comme député qu'il était invité à l'émission "Touche pas à mon poste" (TPMP) jeudi 10 novembre, initialement pour parler d'une proposition de loi sur la précarité étudiante qu'il va porter le 24 novembre. L'actualité de l'Ocean Viking a changé l'ordre du jour. Il savait evidemment où il mettait les pieds, étant lui même un ancien de la bande d’Hanouna, autrefois rémunéré par C8, la chaine de Vincent Bolloré. Ça ne l'empêche pas de critiquer le patron des lieux sur sa responsabilité présumée dans la déforestation en Afrique. Cyril Hanouna sort de ses gonds. Louis Boyard invoque la liberté d'expression, le respect du à un député et ça explose.

"T’es un mec qui fait monter le racisme", l’accuse encore Cyril Hanouna. "Ah ouais ? Ben c’est pas moi qui me fait de la thune sur Zemmour", lui répond le député avant de quitter le plateau, sous les sifflets.

Ancien représentant syndical de l'UNL

La courte vie publique de Louis Boyard, puisqu'il n'a que 22 ans, a le mérite de la clarté. Dès son engagement lycéen dans le Val-de-Marne, on comprend où il va
Louis Boyard naît en 2000, en Vendée. Fils d’un cadre cheminot, et d'une maman, anglaise qui travaille chez Samsung. Mais il grandit donc en région parisienne. En novembre 2017, en première, il est représentant syndical de l'Union nationale lycéenne (UNL) lorsque son lycée Georges Brassens à Villeneuve-le-Roi est bloqué pour des problèmes d’amiante. L’année suivante en 2018, c'est déjà comme président de l'UNL, qu'il monte au front contre Parcoursup et contre la réforme du baccalauréat.

On l’aperçoit aussi dans les manifestations de gilets jaunes début 2019. Là, il est étudiant en droit à l’université d’Assas. Lors de l’acte 12 des gilets jaunes, il évacué par les secours. Il invoque un tir de LBD, reçoit le soutien de Jean-Luc Mélenchon. Il tweete que son pied est cassé, que la peau réagit très mal, et à l'attention de Christophe Castaner, alors ministre de l'Intérieur il écrit : "J'ai 18 ans, non violent convaincu, j’espère que vous reconnaîtrez votre faute." Les photos du pied bleui suivront.

Des débuts fracassants

À la rentrée d'octobre, il se fait élire au conseil académique de l'université. Et pendant tout le Covid-19, il est en première ligne pour défendre la cause étudiante dans la crise sanitaire. C’est ce qui lui vaut d’être repéré et recruté par Cyril Hanouna pour son émission TPMP. L’animateur l’a également vu parfois aux "Grandes Gueules" sur RMC Story. Les débuts chez Hanouna sont assez fracassants. Première le 31 août 2021, avec Didier Raoult comme invité. Le lendemain, il raconte à l’antenne qu’il a vendu de la drogue pour payer ses études. Au début de cette année, il est investi par La France insoumise, chez lui, dans le Val-de-Marne. Il arrête l'émission et ses études après avoir battu le député macroniste sortant, Laurent Saint Martin, avec 52,52% des voix.

À l'Assemblée, il se fait remarquer dès la séance d'ouverture le 28 juin. Étant l'un des plus jeunes, il est désigné secrétaire bureau pour l'élection au perchoir. Il serre la main de tous ceux qui viennent déposer leur bulletin dans l’urne, sauf celle des députés du Rassemblement national. "Geste barrière contre l'extrême droite", ironise le jeune élu insoumis. Les habitués de la salle des 4 colonnes vous diront qu'il est à l'affut des micros, qu'on l'entend arriver de loin. Vendredi, pour la première fois peut-être, il m'a fait répondre qu'il observait le silence, "pour calmer le jeu". En dehors d’un communiqué de presse qui dénonce "intimidation" et "censure", pas un mot, jusqu'à sa conférence de presse lundi à 15 heures à l'Assemblée.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.