Plan chasse du gouvernement : qui est Nicolas Vanier, l’écolo qui aime la chasse et le revendique ?
L’intrus de l’actu donne chaque soir un coup de projecteur sur une personnalité qui aurait pu passer sous les radars de l’actualité.
Je ne vous apprends rien si je vous dis qu’entre les chasseurs et les écologistes, c’est rarement le grand amour. Les écologistes, sauf un ! Nicolas Vanier, l’aventurier du Grand Nord et réalisateur de films et de documentaires autour de la nature. La semaine dernière, quand l’Assemblée examine une proposition de loi pour limiter l’engrillagement (c’est-à-dire les espaces de chasse délimités par des enclos), il est celui qui est chargé de parler aux chasseurs, en l’occurrence Willy Schraen, patron de la fédération nationale des chasseurs. Et c’est lui aussi qu’on entend vilipender les "écolos démagos".
Rebelote mardi quand le gouvernement veut limiter le tir au gibier dans un angle de 30 degrés en face du chasseur, ou mettre en place des tests d’alcoolémie. Je l’ai joint sur le tournage de son prochain film. Là encore, il explique qu’il est pour mais il ne rate pas l’occasion pour se faire de nouveaux ennemis chez les écologistes : "On est dans le monde d'Asterix et Obélix, on est des Gaulois. Une viande de sanglier, c'est une viande avec une empreinte carbone de zéro. Comment peut-on condamner des personnes, comme dans le Morvan là où je suis, qui effectivement utilisent la chasse pour la viande. Ce que je regrette d'une façon générale, c'est qu'on a des extrêmes. On a des 'écolos des villes' qui n'y comprennent rien à la nature et qui ne la connaissent pas. D'un autre côté, on a cette proportion de chasseurs qui chassent dans des enclos, dans des grillages, qui tirent sur de la volaille pour faire du Ball Trap, qui chassent l'après-midi bourrés. Ces chasseurs-là on n'en veut pas. Il manque une entente pour faire finalement défendre ce qu'ils aiment."
Ce lien avec la chasse lui vient d’une enfance passée en Sologne. Même s'il est né à Dakar, au Sénégal, où son père faisait son service militaire, c'est dans la ferme de son grand père qu'il grandit donc, 125 hectares. Le grand père est chasseur et amoureux de la nature. Nicolas Vanier fait d'ailleurs des études au lycée agricole à Montargis. La chasse, il adore ça. Et assez vite ça va faire polémique. En 1994-1995, il part avec sa femme et leur petite fille d'un an et demi en voyage pendant an jusqu'en Alaska. Dans le documentaire L'enfant des neiges qu'il sort à son retour, on le voit tuer, pour défendre sa famille, un ours grizzly. Sauf qu'on comprend qu'il avait construit une cabane de trappeur sur le territoire de l'ourse. Évidemment une polémique surgit.
Des soutiens et des polémiques
Depuis les rapports avec les écologistes ont toujours été très fluctuants. Il peut parfois être soutenu par des ONG comme le WWF pour Le dernier Trappeur ou les faire hurler comme en 2017 quand L'école buissonnière est soutenue par la Fédération nationale de la chasse. Lui explique que c'est l'histoire de quelqu'un qui vit dans la foret, qui vit de la chasse et que c'est cohérent.
Ce coince sans doute avec les écologistes, c'est le côté film à gros budget, avec des sponsors. Même s'il tourne avec des chiens en Sibérie ou dans le grand Nord canadien, il est identifié comme un Nicolas Hulot à l'époque d'Ushuaia, ou un Yann Arthus Bertrand qui abîment parfois la nature en prétendant la défendre. En juillet 2018, un pilote en repérage pour la production de son film Donne-moi des ailes est accusé d'avoir causé la perte de 500 œufs de flamants roses en survolant en ULM une zone protégée dans les Salins d’Aigues-Mortes. Face à la polémique, Vanier furieux propose aux acteurs locaux de parrainer une population de flamants roses
En 2014, un camp de chiens de traîneaux retrouvés complètement dénutris, avec la pelade, est fermé dans la Drôme sur décision administrative. Une association assure que ce sont ses chiens. Nicolas Vanier qui est alors au bout du monde démentira catégoriquement et dénoncera une cabale médiatique à son retour.
Tout cela ne semble pas l'arrêter en tout cas. Entre deux coups de fil aux chasseurs, il tourne en ce moment l'adaptation de son roman Le Monde à l'envers, avec Michaël Youn et Yannick Noah.
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