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Mondial au Qatar : qui est Stéphanie Frappart, la première femme qui va arbitrer un match de Coupe du monde ?

L’intrus de l’actu donne chaque soir un coup de projecteur sur une personnalité qui aurait pu passer sous les radars de l’actualité.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Stephanie Frappart arbitre le match de ligue des champions entre le Real Madrid CF et le Celtic FC à Madrid, le 2 novembre 2022. (PIERRE-PHILIPPE MARCOU / AFP)

Trois femmes figurent parmi les 36 arbitres de champ au Qatar. On retrouve une rwandaise et une japonaise mais c’est bien la française, Stéphanie Frappart, 38 ans, qui sera jeudi 1er décembre pour la première fois dans une Coupe du monde, en position d’arbitre numéro un. Et pas sur un petit match : Costa-Rica / Allemagne est un match décisif pour la qualification ! Ce qui, pour Pascal Garibian, le patron des arbitres français, est une double preuve de la confiance que la FIFA place en elle. " Le patron de l’arbitrage de la FIFA, Pierluigi Collina n’est pas du genre à prendre une telle décision pour l’affichage ou le symbole" déclare-t-il à franceinfo. 

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C’est d’ailleurs la suite logique d’une carrière assez fulgurante. Stéphanie Frappart collectionne les premières depuis toujours. En ligue 2, en ligue 1. Pionnière en Supercoupe de l’UEFA. Le premier match international masculin arbitré par une femme c’était aussi elle, puis la première ligue des champions masculine. Une dimension émotionnelle hors norme pour celle qui a joué au foot très tôt même si elle ne vient pas d’une famille de sportifs, un papa ouvrier et une maman assistante de maternelle. Elle tape ses premiers ballons dans la cour de récré à Pierrelaye où elle grandit dans le Val-d’Oise. Elle a 6 ans. Première licence à 10 ans, dans l’équipe de l’AS Herblay. C’est un numéro 10, justement, qu’on retrouve dans les équipes régionales jeunes, dans une coupe nationale et même pour quelques matchs avec l’équipe première d’Herblay. Mais très vite, dès l'âge de 13, Stéphanie Frappart s’intéresse à l’arbitrage pour finalement diriger son premier match à 19 ans lors d'une rencontre de division d’honneur régionale en Île-de-France.

"Une grosse bosseuse"

Après son BAC, lorsqu'elle entame des études de STAPS, elle ne peut plus jouer et arbitrer. Elle choisit le sifflet, se disant qu’elle a plus de chances d’évoluer là.  Ses principaux atouts ? Pascal Garibian souligne sa capacité à s’effacer derrière le jeu et à siffler juste ! Pour le préparateur physique des arbitres de la Fédération qui la connait bien aussi, Jean-Michel Prat : l’arbitre francilienne possède à la fois un mental et un physique d’athlète hors norme. "C'est quelqu'un qui ne doute pas. Tous les défis qu'on lui a transmis, elle les a relevés, explique-t-il. Arbitre de ligue 2, de ligue 1 puis internationale. C'est une grosse bosseuse; C'est quelque qui s'entraîne 14 à 16 fois par semaine en comptant les matchs. C'est quelqu'un qui a des qualités aérobies hors du commun. Elle fait de la course à pied, elle aime beaucoup le vélo et fait en parallèle beaucoup de séances de prévention de blessure. Aujourd'hui ce qui m'inquiète moins, c'est lui éviter des blessures. Tous ces déplacements, avec des hôtels et des départs en avion relativement tôt après les matchs. Ce n'est pas facile." 

A-t-elle du mal à se faire respecter dans ce monde d’hommes ? La meilleure arbitre du monde 2019 a toujours dit qu’elle bénéficiait de la retenue des garçons quand ils se retrouvent face à une femme. Mais très vite, d'après ses confrères, les joueurs oublient qui ils ont en face, et elle a dû adapter son management pour ne jamais reculer face à l’adversité. "Le sexisme vient plus des spectateurs que des joueurs", constate-t-elle aussi. À ceux qui lui demandent quand même s’ils doivent l’appeler "monsieur ou madame l’arbitre", elle répond en rigolant : je ressemble à quoi ? 

Très engagée aussi sur le sport féminin 


Ce qui est sûr c'est qu'elle n'hésite pas à prendre la parole sur les cas de violences sexuelles dans le sport. Il y a deux ans, sur un cas précis dans un club, elle s'était réjouie que "la parole se libère" et avait publiquement souhaité que les victimes "s’expriment et puissent être accompagnées". Stéphanie Frappart a aussi des ambitions politiques puisqu'elle est en course dans une liste "Football Uni" pour les élections à la présidence de la Ligue de Paris Île-de-France le 19 décembre prochain. 

Si elle arbitre les hommes au plus haut niveau, elle reste très engagée dans le sport féminin. Arbitrant la finale de coupe du monde en France le 7 juillet 2019 : États-Unis/Pays Bas à Lyon tout en présidant bénévolement la section des arbitres féminines  de la FFF. Ne me demandez pas si elle a des passions autres ? Quand j'ai posé la question à son entourage : on m'a répondu : "elle passe ses journées sur sa grande passion !"

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