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Déjeuner entre Emmanuel Macron et Olaf Schölz : qui est Jörg Kukies, le "2ème cerveau" du chancelier allemand ?

L’intrus de l’actu donne chaque soir un coup de projecteur sur une personnalité qui aurait pu passer sous les radars de l’actualité.

Article rédigé par franceinfo
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Jörg Kukies, secrétaire d'État au ministère fédéral des Finances, siège en tant que témoin à la réunion de la commission d'enquête sur le scandale comptable Wirecard au Bundestag allemand, le 21 avril 2021. (BERND VON JUTRCZENKA / DPA)

Conseiller très spécial, "Deuxième cerveau", disent certains, la personnalité, et plus encore le périmètre d’action de Jörg Kukies justifient tous les superlatifs. Il est l’homme qui va compter dans la politique européenne de Berlin, et notamment dans le couple franco-allemand que le déjeuner parisien de mercredi 26 octobre avait pour but de réveiller. En plus de l'Europe, qui est le département cinq à la Chancellerie, il gère aussi le quatre : les questions économiques. D’habitude, ce sont deux personnes différentes. Et pour être sur qu'il ne s'ennuie pas : puisque l’Allemagne préside cette année le G7 et le G20 : il est aussi le sherpa d’Olaf Schölz, pour préparer notamment le G20 de Bali dans un mois.

Originaire d'une région allemande europhile 

L’homme n’a rien du vieux routier des cabinets ministériels ni de la politique. Géographiquement il vient comme Olaf Scholz et deux autres ministres actuels de Rhénanie Palatinat, une région rurale un peu en dessous de Bonn, une région très européenne. Il est né précisément à Mayence il y a 54 ans d' un père ingénieur chez IBM. Mayence qui est le laboratoire allemand des coalitions tripartites Socio démocrates/Ecolo/Libéraux comme celle qui est en place à Berlin. Il connait donc ça par cœur. Même sans carrière politique, il a depuis toujours le cœur au SPD, où il milite, étudiant, comme ses deux parents, avant de s’envoler vers la banque d’affaires ! Études à Mayence, Paris, Harvard, avant un doctorat d’économie à Chicago, et le voilà qui entre directement chez Goldman Sachs où il fait toute sa carrière, jusqu’à co-présider le directoire.

La bascule vers la politique se déclenche un soir, au stade, le banquier d’affaires est un dingue de foot, mais en l’occurrence c’est un match de basket. Jörg Kukies discute avec un responsable régional du SPD qui s’étonne de ce que les managers allemands ne s’engagent pas plus en politique. "Ils n’ont qu’à nous solliciter ! lui répond le banquier d’affaires, or ils ne le font jamais". Cette réplique remonte jusqu’aux oreilles d’Olaf Schölz. Trois mois plus tard, le rendez-vous de 30 minutes dure en fait deux heures et tourne au grand débat sur l’avenir de la zone euro. Olaf Schölz qui prend alors ses fonctions comme ministre des finances l’embarque avec lui. Il se retrouve secrétaire d’État chargé des marchés financiers et de l’Europe.

À la manœuvre lors du plan de soutien à l’économie allemande

Le recrutement fait grincer des dents à gauche, où l’on redoute des conflits d’intérêt. Son ministère se retrouve en plus au cœur d’un gros scandale autour la faillite de Wirecard le spécialiste des paiements en ligne. Mais la crise Covid va l’aider à faire taire les critiques. Jörg Kukies est à la manœuvre pour mettre au point ce qu'on a appellé le plan "Bazooka" de soutien à l’économie allemande. Rapide, ambitieux, ça sauve notamment la Lufthansa. Il va surtout gagner un vrai poids politique en embarquant l’Allemagne, par le passé si frileuse, dans cet Emprunt commun totalement inédit en Europe : 750 milliards d’euros, pour le plan de relance. Au passage, Olaf Schölz lui-même gagne ses galons de futur chancelier. Olaf Schölz fait tellement confiance à Jörg Kukies qu’il le laisse siéger parfois à sa place.

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