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"Armée numérique" du PSG : qui est Jean-Martial Ribes, l’ancien dircom du club au cœur des révélations de Mediapart ?

L’intrus de l’actu donne chaque soir un coup de projecteur sur une personnalité qui aurait pu passer sous les radars de l’actualité. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Jean-Martial Ribes, ancien directeur de la communication du PSG, le 7 octobre 2018. (ARNAUD JOURNOIS / MAXPPP)

Dans la famille Ribes, le grand public identifie assez bien Jean-Michel, le volubile metteur en scène et patron du théâtre du Rond-point à Paris. Nettement moins, Jean-Martial, le cousin. Mais quiconque a été en contact avec le Paris Saint-Germain ces 11 dernières années, a forcément eu à faire à lui, qu’il ou elle soit journaliste, sponsor, club de supporters.

55 ans, cheveux courts et blancs depuis de nombreuses années, il est devenu au fil du temps l’éminence grise du patron, Nasser al-Khelaïfi. Personnage plutôt avenant, réputé pour sa très grande fidélité en amitié, vrai talent sur la gestion de crise et vraie dureté quand il le juge nécessaire. Finalement la seule chose qu’il ne gère pas, c’est le sport et pour cause : le directeur de la communication du PSG n’a pas vraiment de passion pour le football. Profil plutôt rare à ce genre de poste dans les grands clubs.

À 14 ans, il quitte seul la France 

Jean-Martial Ribes naît à Paris, le 6 décembre 1966. L'école n'est pas vraiment sa tasse de thé. En 4ème, il décide donc de partir seul, dans une famille aux Etats-Unis. Au départ pour un an, il y restera finalement 14 ans. Études de Marketing dans le Massachussetts à la Clark University en 1990 et un peu aussi au Japon, à la Kansai University of International Studies. Il se passionne pour le basket américain, joue au tennis... Mais le foot, toujours pas.

Dès la fin de ses études, il est embauché par Ketchum, filiale du premier groupe mondial de commmunication Omnicum. Il coordonne les affaires internationales à Washington puis à New York. À 28 ans, en 1994, il rentre à Paris pour monter l’antenne française, tout en prenant la vice-présidence "Europe". Jean-Martial Ribes est assez rare dans les médias. Mais voici une vidéo de son interview accordée au Buzz média du Figaro, en mai 2011 (juste avant de basculer chez les Qataris au PSG). On entend sa voix assez particulière, un peu éraillée. "Aujourd'hui à l'agence nous avons trois pôles : un pôle RH, un pôle événementiel et un pôle digital. L'idée c'est de continuer à développer ce pôle digital et pouvoir offrir des programmes de communication intéressants à nos clients". Nous sommes toujours loin du ballon.

Patron d'agence de com, il va le rester encore plusieurs années. Même si, à l'été 2011, il décroche le contrat communication des Qataris qui s'apprêtent à racheter le PSG. Son boulot : faire de cette marque une marque mondiale. Elle passera de 500 000 fans à 180 millions. En plus de la direction de la communication de Qatar Sports Investment – la structure financière qui rachète le club – il se voit confier la communication de BeIN media monde. Ce n'est qu'en 2017 qu'il entre vraiment dans l'organigramme du club comme directeur de la communication. 

Un très proche du président du PSG 

Avec Nasser al-Khelaïfi c'est, dit-on, une "vraie rencontre". Le Qatari n'accorde pourtant pas facilement sa confiance. Chaque fois que nécessaire, Jean-Martial Ribes protège Nasser, notamment au moment du conflit entre le Qatar et les autres pays du Golfe en 2018. BeIN Sports est piraté par l'Arabie Saoudite, sous ce nom étrange : BeOUT-Q.

Le communicant participe aux réunions de l'état-major toutes les semaines, gère beaucoup d'autres dossiers. Malin, il trouve même les interlocuteurs de l'ombre pour faire revenir les supporters Ultras lorsque Nasser et l'équipe réclameront leur retour au stade. Il met son nez dans les listes d'invités au carré VIP du Parc des Princes. Et avec la presse, il décide de qui entre, qui sort. Il s'attire les bonnes grâces d'un site internet qu'il juge trop critique "Paris United" en donnant des accréditations, tout en bloquant l'accès à des médias plus officiels. Le journal l'Equipe, en particulier, sera blacklisté à une époque après un papier sur le fair play financier.

Une démission difficile à encaisser pour Nasser al-Khelaïfi

Sous ses airs un peu dilettantes, le dircom se retrouve petit à petit H24 en situation de crise, avec un patron qui se manifeste à toute heure du jour et de la nuit. La vie de famille souffre. En mai 2022, il décide à lâcher son poste pour celui, beaucoup plus calme de directeur de la com de Moet Hennessy.

Nasser al-Khelaïfi, dit-on, l'a très mal vécu, comme un amoureux éconduit. Cette démission tombe à un moment où il attend plusieurs décisions de justice contre lui. Les détracteurs du club n'hésitent pas à imaginer que Jean-Martial Ribes puisse servir de fusible en étant accusé par Mediapart d'être au coeur d'un système de déstabilisation de joueurs et de médias, via de faux comptes Twitter. On les dit depuis rabibochés. Jean-Martial Ribes siège d'ailleurs toujours au board de la "Fondation PSG" qui développe des projets humanitaires.

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