50 ans du téléphone portable : Qui est Martin Cooper, le père du portable qui demande aux gens de lever un peu le nez de leur téléphone ?
Lundi 3 avril, Martin Cooper célèbrera chez lui à Delmar en Californie le demi-siècle de ce coup de téléphone incroyable, le tout premier sans fil passé en 1973 dans une rue de Manhattan. Il était cadre chez Motorola, à la tête d’une équipe d’ingénieurs qui avait investi des millions de dollars pour ça. Mais 50 ans plus tard, ce qui l'effraie c'est le côté hypnotique de l'objet. "Je suis anéanti de voir des gens traverser la rue en regardant leur téléphone portable. Ils ont perdu la tête", a-t-il confié à nos confrères de l’Agence France Presse, tout en se disant que "quand quelques-uns auront été renversées par des voitures, ils comprendront."
>>Nouveau monde. Le téléphone portable date de 1973
Martin Cooper est né en 1928, le lendemain de Noël, à Chicago. Ses parents, Arthur et Mary, des Juifs immigrés d'Ukraine, s’étaient installés là après avoir fui les pogroms. Et il a toujours su qu’il serait ingénieur. "Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours démonté des trucs", raconte-t-il dans une interview au site Motherboard.
"J’ai vu des gamins brûler des bouts de papier avec une loupe dans la rue … et j’ai voulu faire pareil. J’ai cassé une bouteille de Coca pour en faire une lentille. Evidemment ça n’a pas marché."
Martin Cooper, inventeur du téléphone portable chez Motorolaau site Motherboard
A 22 ans, - on est en 1950 – il obtient son diplôme en génie électrique à l'Institut de technologie de l'Illinois. Il décrochera une maitrise après 7 ans d'étude. Et beaucoup plus tard, en 2004 ! à 76 ans, un doctorat honorifique cette fois.
Il s’engage un temps dans l’US Navy. Il passe 4 ans à servir sur des destroyers et des sous-marins. Et il est finalement embauché en 1954 chez Motorola, qui est alors leader dans les émetteurs/récepteurs radio. Martin Cooper consacre tout son temps au développement de produits portables. En 1967, c’est Motorola qui livre les premières radios de poches à la police de Chicago. Il dirige ensuite spécifiquement la recherche cellulaire.
Premier appel avec un portable le 3 avril 1973
L’idée du téléphone portable lui-même lui vient en partie de "Star Trek", en souvenir du capitaine Kirk qui parlait dans son communicateur. Mais surtout parce AT&T venait de mettre au point des téléphones de voiture. Le surintendant de la police de Chicago se plaignait : "Mes patrouilleurs, pour téléphoner, restent coincés dans leur voiture – ce n’est pas beaucoup mieux que d’être coincés dans leur bureau. Moi je veux qu’ils puissent téléphoner dans la rue". Martin Cooper finit par y arriver. Sourire aux lèvres, l’ingénieux ne se lasse pas de raconter ce 3 avril 1973, dans une rue de New York. "Je suis avec un journaliste. Et il faut que j’impressionne le type. Je me dis : tu ne vas pas oser appeler Joel Engel, qui était mon homologue et ennemi juré chez AT & T.
Je compose le numéro et je dis : salut Joe, c’est Marty Cooper. Lui : "Salut Marty". Je t’appelle d’un téléphone portable. Mais un téléphone personnel que j’ai dans la main. Silence au bout de la ligne. Je pense qu’il a dû grincer des dents. Mais il a été poli, on a fini l’appel."
Martin Cooper, inventeur du téléphone portable chez Motorolaau site Motherboard
Le téléphone lui-même pèse alors un kilo. Il l’appelle "la brique" – 22 centimètres de long. Pour 35 minutes d’appel, il faut charger la batterie pendant 10 heures mais tout ça évoluera évidemment très vite. L'appareil sera commercialisé en 1983. Et évoluera progressivement vers les smartphones qu'on connait.
Aujourd'hui, le grand paradoxe, c’est que Martin Cooper demeure totalement accroc au portable. Il a une montre connectée, continue de s'acheter les plus récents qu’il donne à ses petits-enfants et arrière-petits-enfants dès qu'il a fait la première mise à jour. Il estime même qu'on n'en est qu'au tout début, que les téléphones seront un jour reliés à des capteurs corporels qui iront jusqu’à percevoir les maladies avant qu'elles ne se déclarent. Mais pour ce qui est des personnes hypnotisées par leur téléphone, là oui, il s'en inquiète. Même si, en vieux sage qu'il est, il se dit que même ça, va évoluer. "Chaque génération sera plus intelligente. Ils apprendront à utiliser les smartphones de façon plus efficiente. Tôt ou tard, les humains finissent toujours par avancer."
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