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Sangaris: des failles dans l'union sacrée

La France peut-elle s'enliser en Centrafrique ? La deuxième guerre africaine de François Hollande est appelée à durer.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Il n'y a que des coups à
prendre. Et contrairement au Mali, le président, même s'il garde la haute main
sur les conseils de défense, laisse son ministre Jean-Yves le Drian monter en
première ligne sur ce dossier. Le chef de l'Etat sait bien qu'il ne peut pas
capitaliser sur une opération peu lisible, difficile à cerner pour l'opinion. Depuis
les évènements de Kiev, certains s'interrogent, notamment à droite: nous sommes
en première ligne en Afrique, alors que notre diplomatie a tardé en Ukraine, et
que faisons-nous pour la Bosnie en colère au cœur de l'Europe ?

La mort d'un troisième
militaire français en Centrafrique dimanche, même s'il a été victime d'un
accident de la circulation, rappelle ô combien que le risque est grand pour nos
soldats. Députés et Sénateurs devraient voter cet après-midi en faveur de la
poursuite de l'engagement. Mais il y aura de fortes dissonances. Nous sommes
loin du soutien unanime du Parlement l'an dernier à l'intervention au Mali. Ce
consensus a disparu pour Sangaris, les doutes s'expriment ouvertement.

Il y a des failles dans l'union sacrée.

Et il y aura des abstentions,
et même des votes contre. " Pourquoi y sommes-nous allés, qui sont nos
alliés ", se demande une partie de l'UMP, inquiète de voir une mission militaire,
qui était appelée à ne pas durer, se muer en une opération de police à long
cours, et à haut risque, face à des bandes criminelles issues des rangs des anti-Balaka,
alors que les milices ex-Seleka, chassées de Bangui, se sont repositionnées au
nord-est du pays.Un vrai
" merdier ", comme le disent les militaires !

Pour Jean-Yves le Drian, le
ministre de la défense, " vous pouvez vous interroger à juste titre sur la
méthode, ou sur le volume des forces, mais il n'y a pas de doute sur la mission ".
Restent les interrogations sur les effectifs, toujours insuffisants dans ce
type d'opérations extérieures : la force Sangaris, en plus des six mille
soldats africains de la Misca, passe de 1600 à 2000 hommes, dont 55 gendarmes,
signe de l'évolution de la mission. Les renforts européens, polonais, roumains,
et autres, se font attendre. Quant aux soldats allemands de la Bundeswehr, ils
seront pour le Mali, et encore, pour de la formation et du transport de
troupes.On n'est pas aidé...

François Hollande se tient à distance du conflit.

Le chef de l'Etat a donné les
clefs de Sangaris à Jean-Yves le Drian, qui s'est rendu sur zone à trois
reprises en deux mois. La Centrafrique n'est pas le Mali, où il était plus
facile de suivre presque en direct les exploits militaires de la force Serval
et en tirer un bénéfice politique immédiat. " Avec Bangui, il n'y a que
des coups à prendre, et si tu le fais mal, tu prends cher ", confie un
conseiller de Le Drian. Combien va durer Sangaris ? Un an, jusqu'aux
élections centrafricaines, comme le souhaite la présidente par intérim Catherine
Samba-Panza ? " ça durera le temps qu'il faudra ", répond le
ministère de la défense.

En attendant, François
Hollande est occupé à un autre front, celui du chômage, autrement plus
casse-gueule vis-à-vis de l'opinion, à un mois de cette autre bataille qui a
débuté, celle des municipales.

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