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Politique familiale : une réforme hautement sensible

La réforme de la politique familiale sera annoncée lundi 3 juin. Toucher aux allocations ou au quotient familial, le gouvernement penche plutôt pour la seconde option. Ce qui est une augmentation d'impôt déguisée.
Article rédigé par franceinfo
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Le quotient familial est fixé aujourd'hui à 2.000 euros par
enfant. Le baisser à 1.500 euros permettrait de dégager près d'un milliard
d'économies donc un supplément d'impôt entre 38 et 68 euros par mois. Dans
l'entourage du président, on souligne que les économistes préfèrent ce levier-là
car il s'agit d'une mécanique fiscale plus juste.

François Hollande s'attaque à cette réforme pour rétablir
l'équilibre de la branche famille de la Sécu. Il l'a dit ce jeudi lors d'un
déplacement dans le Tarn : "Il y a aujourd'hui deux milliards de
déficit. Ce n'est pas acceptable. Un principe : la justice, des économies
et le souci de mettre la branche famille à l'équilibre d'ici 2016.
"

Jusqu'à ces derniers temps, le gouvernement privilégiait une
baisse des allocations familiales pour les familles les plus aisées. Un rapport
en avril allait dans ce sens mais le scénario a été abandonné car sévèrement
critiqué par des syndicats et des associations. Franchement, vu le contexte, le
chef de l'Etat n'a pas très envie d'ouvrir un nouveau front de contestation.

La contestation de la majorité

Et si, finalement, le gouvernement décidait d'un panachage
des deux options ? Les parlementaires socialistes n'y sont pas trop favorables.
"Une usine à gaz", affirme l'un d'entre eux. Ils ne sont pas
forcément favorables au durcissement du quotient familial. Le député Pascal
Terrasse, chargé de la protection sociale : "En touchant au quotient
familial on touche aux classes moyennes plus qu'aux classes aisées. J'ai plutôt
envie d'orienter le dispositif vers les classes aisées, plutôt que vers les
classes moyennes. Si on touche au quotient familial c'est indirectement une
forme d'impôt qui se mettra en place.
"

Une cette hausse d'impôt est contraire à la promesse de
François Hollande. Pas d'impôt supplémentaire l'an prochain a-t-il récemment
promis.

Un compromis

Cela dit, au Parlement, malgré des points de désaccord, la
majorité n'a pas l'intention de sortir les griffes sur ce dossier. Il y aura
compromis et puis il y a des choses plus urgentes à gérer selon Thierry Mandon,
porte-parole des députés PS : "Pour les allocations familiales il
faut faire l'effort mais comparé aux deux autres dossiers,  le régime des retraites, les allocations chômage,
c'est un dossier de moindre ampleur.
"

L'opposition sera en première ligne

Défendre la famille coûte que coûte. Dans une famille, ne
l'oublions pas, il y a des électeurs. Donc pas touche au quotient familial explique
l'UMP Bruno Le Maire : "J'ai toujours défendu l'idée que nous
devions revoir le dispositif d'allocations familiales pour qu'il soit plus
juste. J'ai toujours considéré que ceux qui avaient les revenus les plus élevé
puissent avoir des allocations familiales qui soient moins importantes. Ce qui
m'inquiète dans la proposition du gouvernement, c'est que cela risque d'être la
double peine. C'est-à-dire à la fois une mise sous condition de ressources et
en plus la modification du quotient familial.
"

Dimanche, François Hollande et Jean-Marc Ayrault trancheront
la question lors d'une ultime réunion d'arbitrage, et le Premier ministre
rendra publique la réforme lundi matin.

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