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On peut faire de l'écologie sans les Verts

Les Verts voteront-ils la confiance demain ? Manuel Valls revoit à leurs présidents de groupes cet après-midi.  Il n'y a plus besoin de parti vert pour faire de l'écologie.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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C'est à se demander s'ils
servent encore à quelque chose, tant les valeurs qu'ils sont censés porter commencent
à infuser à tous les étages de la société. Les partis traditionnels s'en
emparent. Des personnalités comme
Ségolène Royal, devenue la ministre en titre, Alain Juppé à Bordeaux, Chantal
Jouanno, NKM n'ont plus besoin de brevet d'écologie appliquée.

Sans oublier Jean-Louis
Borloo qui vient de tirer sa révérence pour raisons de santé :
l'initiateur du Grenelle de l'environnement n'a jamais été dupe des blocages du
système et aura tenté de le faire bouger de l'intérieur. Prenez Anne Hidalgo, la
nouvelle maire de Paris, qui a déclaré lors de son intronisation samedi que
l'écologie était une chance pour l'économie, et qui travaille main dans la main
avec des élus Verts qui ne font pas de manière et se remontent les manches. Les calculs politiciens de la
direction nationale d'Europe Ecologie les Verts apparaissent tout à coup dérisoires.

Comment l'Elysée a vécu le refus de Cécile
Duflot ?

" Dans l'état où ils
sont, mieux vaut faire sans eux", confie l'entourage de François Hollande,
choqué par l'attitude de ces alliés qui ont su hier négocier des places et qui le
lâchent quand ça va mal. Cécile Duflot, qui reste en fait la vraie patronne
d'Europe Ecologie les Verts, et ses amis s'évertuent depuis cinq jours à nous
expliquer pourquoi ils ont refusé le job proposé par Manuel Valls : un grand
ministère de l'écologie avec le portefeuille de l'énergie, afin de piloter la
loi sur la transition énergétique, une forte dose de proportionnelle l'enterrement
du projet d'aéroport de Notre Dame des Landes. Vous en voulez encore ? Cet
" open bar " ne pouvait pas se refuser. Mieux vaut faire bouger les
nobles causes de l'intérieur, quitte à claquer la porte. Plutôt que de bouder
et se livrer à de vaines manœuvres d'appareil, que les électeurs ont justement
sanctionnés aux municipales.

Cécile Duflot en a décidé
autrement, elle qui vise un bon score aux européennes, contre le PS.  En témoigne le message délivré samedi lors du Conseil
fédéral d'EELV: si nous sommes partis, c'est la faute à Hollande qui n'a pas
tenu parole, mais nous reviendrons un jour au gouvernement. Petit
problème : ce n'est plus à eux d'en décider. La vie est ainsi faite, quand
vous sortez, vous ne pesez plus rien.

Ils voteront la confiance au gouvernement
demain ?

Un vote négatif signerait l'acte
de décès de leur appartenance à la majorité. " Si on veut y rester, ça
paraît difficile de voter contre ", a reconnu hier la député écologiste
Barbara Pompili, un aveu de faiblesse. La France accueillera l'an prochain la
Conférence sur le climat, au cours de laquelle sera conclu l'accord sur la
réduction d'émissions de gaz à effet de serre. Croyez-vous que Ségolène Royal
laissera passer une telle occasion ? La nouvelle ministre, issue des rangs
socialistes, sera plus écolo que les Verts. Et démontrera d'ici là, dans les
faits, l'obsolescence d'une formation politique dont les figures les plus
illustres, René Dumont et Dany Cohn-Bendit, sont entrées dans l'histoire. A
force de dire non, le parti des Verts risque fort de passer du durable au
jetable.

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