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Le futur maire de Paris ne sera peut-être pas forcément une femme

La probable candidature de Claude Bartolone à la future Métropole du Grand Paris change la donne politique des municipales purement parisiennes. 
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (©)

Ça n'a échappé à personne :
la mère de toutes les batailles, celle des municipales dans la capitale, se
joue effectivement entre deux femmes - l'une d'elles l'emportera en mars- et cet
affrontement vient de prendre un nouveau départ. Anne
Hidalgo, la première adjointe socialiste de Bertrand Delanoë, qui creuse
l'écart dans les sondages, se retrouve seule en première ligne depuis que le
maire sortant a tiré sa révérence hier matin après treize années passées à la tête
de l'Hôtel de ville. Face à elle, Nathalie Kosciusko-Morizet, la candidate de
l'UMP veut relancer sa campagne, forte du soutien spectaculaire que lui a
apporté Nicolas Sarkozy hier soir, assis au premier rang de son meeting pour
lui témoigner "amitié et admiration", ce sont ses mots. Mais un
homme est en mesure de perturber ce duel de dames bien huilé: Claude Bartolone. Pourquoi lui ? Parce que le tout puissant patron - pour ne
pas dire parrain- du 9-3, et président de l'Assemblée Nationale, "Don Barto", a
fait savoir qu'il se présentait sur la liste du Pré-Saint-Gervais pour briguer
la présidence de la future Métropole du Grand Paris, qui verra le jour le 1er
janvier 2016. 

Quel rapport avec les municipales
parisiennes ?

1 million 300 000 électeurs vont voter pour leur maire à Paris en mars,
c'est bien. Mais en 2016, le futur boss de la capitale ne sera-t-il pas celui
qui va gouverner tout l'ensemble ? A savoir une intercommunalité unique,
dans laquelle Paris, mais aussi les Hauts-de-Seine, la Seine-Saint-Denis et le
Val-de-Marne vont se fondre, au profit d'un monstre de 6 millions et demi
d'habitants. Imaginez : le titan s'occupera d'urbanisme, de logement, de
solidarité financière, Sevran sera aidée par Courbevoie la Défense, parce que villes
riches et villes pauvres vont bénéficier de la même caisse commune. La Métropole
gèrera également l'économique, le social, l'environnement, mais pas les
transports, qui resteront bizarrement dans l'escarcelle de ce qui va rester de
la région Île-de-France. Claude Bartolone a lui-même parlé d'une
"métropole-monde face à Shanghai, Londres ou Berlin". Le
patron de l'Assemblée se dit même prêt à abandonner son fauteuil de député, et
donc son perchoir pour s'emparer d'un tel fromage. 

Comment ont réagi les deux candidates ?  

Anne Hidalgo n'a pas apprécié
cette intrusion dans sa campagne, jugeant le sujet prématuré : "I faut d'abord qu'il y ait un maire de Paris de gauche ", s'est agacée la
candidate PS. NKM, quant à elle, a ironisé sur "le Grand Paris de l'impôt"
qui permettrait à la Seine Saint-Denis chère à Don Barto de se soulager de sa
dette, et aux élus de se partager les postes. Le sujet n'en reste pas moins
posé au beau milieu de la table pour les dames duellistes de choc. 

Ce que ce nouvel enjeu va changer dans la
bataille.

Imaginez la situation dans
deux ans : mais qui va incarner Paris, et donc la vitrine de la
France, face aux mégapoles du monde entier, ne serait-ce que pour négocier l'organisation
de JO ou d'une expo universelle en 2024 ? Le patron de la Métropole du Grand
Paris, ou bien la maire du gros arrondissement central que sera la seule ville
de Paris ? Les ambitions de Claude Bartolone obligent les deux candidates à
prendre position : il semble désormais difficile de parler de logement ou
de sécurité à Paris, en ne regardant qu'à l'intérieur du périphérique, comme au
bon vieux temps où la capitale snobait la banlieue, où vous étiez parisien ou francilien, métro ou RER. La Métropole du Grand Paris, initiée sous
Nicolas Sarkozy, et reprise par François Hollande, va dans le sens de
l'Histoire et constitue un formidable sujet de campagne électorale, avec un
projet qui va bouleversera la vie parisienne telle que nous l'avons toujours imaginée
et vécue jusqu'à aujourd'hui.

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