La gauche de la gauche dans la rue contre Hollande
"Maintenant, ça suffit ! Marchons contre l'austérité... ". Des dizaines de milliers de personnes devraient répondre, samedi, à cet appel. L'austérité, pour Jean-Luc Melenchon, c'est François Hollande, avec
son plan d'économies à 50 milliards, avec son pacte de responsabilité, et avec
son nouveau premier ministre : Manuel Valls, surnommé "le père Noël
du Medef".
La manifestation aura lieu à Paris. Le parcours est classique, de République à Nation. Derrière
la banderole, presque toutes les formations à gauche du PS défileront, à l'exception de
Lutte Ouvrière.
C'est Olivier Besancenot qui
a imaginé ce rendez-vous. Fin janvier, sur France Info, l'ancien candidat du
Nouveau Parti Anticapitaliste avait lancé un appel pour "un week-end de
révolte de gauche". Jean-Luc Melenchon a saisi la balle au bond. Pour
lui, la manifestation de demain, ce sera le troisième tour des élections
municipales, ou un avant-goût des Européennes. La photo de famille doit être une démonstration d'unité.
Jean-Luc Melenchon et le "Front populaire écologiste"
Le fondateur du Parti de gauche rêve d'un autre axe, sans le Parti socialiste, son ancienne maison, et sans ceux que Jean-Luc Melenchon
appelle "les Solfériniens", les dirigeants de la rue de Solferino.
Son projet, c'est de nouvelles alliances, un "Front
populaire écologiste", plus fort que le PS, et surtout, plus à gauche. Jean-Luc Melenchon tend
la main. Il cherche des alliés, des amis. Mais il faut bien dire que pour
l'instant, ça ne marche pas.
Il y a bien l'alliance avec le Parti communiste. Mais c'est "je t'aime, moi non plus". Quand ils ont créé ensemble le Front de gauche, il y a
cinq ans, ils étaient plein d'espoir. Mais depuis, il y a eu beaucoup de
vaisselle cassée. Aux élections municipales, Jean-Luc Melenchon n'a pas supporté que les communistes s'allient au Parti
socialiste dans plusieurs villes. Surtout à Paris, où l'alliance PS-PC a permis
la victoire d'Anne Hidalgo. Le fondateur du Parti de gauche en est malade. Les
deux partenaires ont été au bord de la rupture. Ils ont fini par s'entendre sur
des listes communes pour les Européennes. Mais le climat est toujours
orageux.
Jean-Luc Melenchon
essaie donc d'élargir le cercle. Son modèle, c'est ce qui s'est passé à Grenoble,
aux élections municipales. Dans cette ville de 160.000 habitants, le candidat
écologiste, Eric Piolle, a ravi la mairie aux socialistes. Il y est parvenu en
s'alliant avec le Parti de gauche. A Grenoble, l'alliance du rouge et du vert a
débouché sur un succès.
Beaucoup d'écologistes y
voient un espoir. Pourquoi ne pas prolonger l'expérience de Grenoble ?
Pourquoi ne pas rompre avec le Parti socialiste ? Mais pour l'instant, ils
sont minoritaires. Le parti de Cécile Duflot a eu beau quitter le gouvernement.
Il continue à soutenir François Hollande et à snober Jean-Luc Melenchon.
Le "Cyrano de la mondialisation " (Julien Dray)
Sauf surprise, dans la manifestation de demain, vous ne verrez
aucun dirigeant du PS. Même les anciens amis de Jean-Luc Melenchon restent à
distance, quand ils ne l'attaquent pas purement et simplement. Prenez Julien Dray. Il y a
vingt-cinq ans, avec Jean-Luc Melenchon et Marie-Noëlle Lienemann, il avait
fondé le courant de la Gauche socialiste, pour secouer le PS, pour lui faire
changer de cap.
Le même Julien Dray soutient
aujourd'hui François Hollande, et critique publiquement la gauche de la gauche.
Il publie cette semaine un livre entièrement consacré à son ancien camarade. Il
l'a intitulé La faute politique de Jean-Luc Melenchon (Editions
du Cherche-Midi). Julien Dray accuse le fondateur du Parti de gauche. Il lui
reproche de détruire l'unité de la gauche, de taper sur le PS plus encore que
sur la droite. Il l'appelle "l'imprécateur ",
"le Cyrano de la mondialisation "... "Là où va Jean-Luc Melenchon, écrit-il,
il n'y a rien. Rien qu'une route sans issue. Une voie fermée (...) Un renoncement ".
Julien Dray voudrait qu'il n'y
ait qu'une seule gauche : rouge, rose et verte. Il somme Jean-Luc
Melenchon de le rejoindre, de chercher un "compromis ". Mais pour le
fondateur du Parti de gauche, c'est trop tard : il n'y a plus rien à attendre du
parti socialiste.
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