Hollande-Merkel : encore quatre ans...
Ils vont devoir vivre quatre années ensemble. C'est long !
Quatre ans de "tensions amicales " , c'est ainsi que le chef de
l'Etat a décrit sa relation avec la chancelière, lui qui va devoir supporter jusqu'à
la fin du quinquennat la comparaison avec cette encombrante voisine à qui tout
réussit. François Hollande, qui rêvait d'une alternance à Berlin avec le SPD, espère
secrètement voir les sociaux-démocrates rejoindre la coalition qu'Angela Merkel
va devoir composer pour obtenir la majorité au Bundestag.
Cette reconduction triomphale de la chancelière survient au
moment où François Hollande plonge dans les sondages, et frôle le pire record
d'impopularité réalisé par François Mitterrand en 91, dans le baromètre
IFOP/JDD. Il n'est pas si loin le temps, c'était en avril, où Claude Bartolone,
le président de l'Assemblée nationale, réclamait
une "confrontation " avec la chancelière pour lui faire renoncer à
sa politique d'austérité et de rigueur budgétaire, et où une partie du PS
rêvait d'un "affrontement démocratique " avec celle qui était
accusée "d'intransigeance égoïste" . Le ton a changé. Les Français se
détournent aujourd'hui du président normal, là où les Allemands plébiscitent la
chancelière qui continue à faire ses courses au supermarché.
Les Allemands ont voté pour son réalisme économique ?
La rigueur érigée en mode de gouvernance par Angela Merkel
l'a faite réélire, triomphalement, là où
la cure d'austérité qui ne dit pas son nom, imposée par François Hollande, le
fait dévisser dans l'opinion. Realpolitik oblige, le président, dans un
communiqué publié peu avant 20h sur Twitter, a invité hier soir la chancelière à
Paris, afin de préparer "les échéances à venir ". La dame de fer
allemande est solidement installée. Il va falloir faire avec.
François Hollande
peut encore se montrer exigeant avec sa partenaire ?
Les avis sont partagés. Angela Merkel a remporté les
élections en promettant beaucoup à gauche, notamment sur le salaire minimum.
Pour le socialiste Jean-Christophe Cambadélis, "c'est une victoire à la
Pyrrhus, une Europe dans la récession ne tirera pas la croissance allemande" .
Mais il ne faut pas s'y tromper, "le leadership européen, c'est madame
Merkel qui le détient ", estime l'UMP germanophile Bruno le Maire qui voit
dans ce couple le mariage "de la carpe et du lapin" . Il faut quand
même rappeler qu'Angela Merkel a bénéficié des réformes menées par Gerhard
Schröder, qui a flexibilisé le marché du travail. François Hollande a hérité
d'une situation difficile et sera jugé sur sa capacité à réformer. Il risque de
le payer cher aux prochaines élections.
Ils peuvent donner un
nouveau souffle à l'Europe ?
Oui, c'est une question de volonté politique, malgré la
réticence d'un François Hollande qui a expliqué en mai dernier ne pas vouloir se
laisser dicter ses réformes structurelles par Bruxelles. Et celle d'une Angela
Merkel qui n'envisage pas d'infléchir sa politique basée sur un euro fort. Mais
un demi-siècle après la signature du traité entre Charles de Gaulle et Konrad
Adenauer, un défi immédiat unit le président et la chancelière: celui de
défendre l'idéal européen, menacé par les partis eurosceptiques, le Front
National, ou dans une moindre mesure Alternative für Deutschland, susceptibles
de faire un gros score pour ne pas dire un hold-up aux prochaines européennes
de mai. De quoi rabibocher un couple un peu usé, fatigué...
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