Cet article date de plus d'onze ans.

Hollande et le modèle Schröder

François Hollande peut-il être un Gerhard Schröder à la française ? Vous vous posez la question ce jeudi matin. Pourquoi ?
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Le chef
de l'Etat va prononcer aujourd'hui à l'Elysée un discours à la nation pour le
lancement de la commémoration de la guerre de 14. Il évoquera la France
rassemblée dans l'épreuve, tracera un parallèle avec la situation actuelle, où
les périls ont changé de nature, nous dira-t-il, et en appellera à un sursaut
de la patrie. Ironie de l'histoire, l'Allemagne ennemie d'hier est devenue notre
principal partenaire au sein de l'Union, mais reste aujourd'hui une rivale sur
le plan économique. L'agroalimentaire breton en détresse subit de plein fouet la
concurrence d'outre-Rhin qui fait appel à une main d'œuvre bon marché.
L'Allemagne est devenue "das Model", un idéal inatteignable, pas
forcément souhaitable.

Et comment pourrions-nous
rattraper notre retard ?

Nous y
venons : la France pourrait s'inspirer de la méthode Gerhard Schröder. De
quoi parlons-nous ? Le chancelier social-démocrate, à la fin de son mandat
il y a dix ans, s'est mis à réformer contre vents et marées, et contre son
propre camp. L'Allemagne, devenue l'homme malade de l'Europe, comptait un bien
plus grand nombre de chômeurs que la France. Les
réformes libérales inspirées par Peter Hartz, ancien directeur du personnel de
Volkswagen, ont permis de totalement flexibiliser le travail et réduire de
manière drastique les allocations chômage. Gerhard Schröder a subi les foudres
du parti Die Linke, l'équivalent du Front de Gauche. Le chancelier a
fait redémarrer l'Allemagne et a perdu les élections dans la foulée.

Un tel scénario est possible chez
nous ?

J'ai posé
la question hier à un proche conseiller du président, qui m'a assuré que
François Hollande, depuis dix-huit mois, avait engagé des réformes similaires,
mais nettement moins violentes que celle de l'agenda Schröder. "Nous
avons signé les accords flexisécurité et baissé le coût du travail grâce au
CICE
", a-t-il plaidé, en précisant que le gouvernement n'a pas créé
les mini jobs de Schröder, payés parfois 400 euros, qui ont fabriqué une caste
de sous salariés outre-Rhin. Vu de l'Elysée, Hollande serait donc un Schröder-soft, léger.

Et ça marche ? La France est
en train de se relever ?

Non, pas
vraiment. D'abord parce qu'il faut du temps pour que les réformes portent leur
fruit. Difficile de savoir aujourd'hui si elles vont suffire. Et puis, la
méthode est contestée : "François Hollande ne fait que les choses à
moitié, avec des demi-mesures qui mécontent tout le monde"
, analyse Bruno
le Maire, député UMP germanophile, qui juge contreproductif d'offrir un crédit
d'impôts aux entreprises, tout en alourdissant leurs charges. Le
chancelier Schröder a été impopulaire en fin de règne, en imposant des
réformes dont sa rivale Angela Merkel a su profiter, dans un contexte
international favorable. Le président Hollande qui a hérité d'un pays abimé, connaît
une impopularité record dès le début de son mandat, après un quinquennat
Sarkozy marqué par une crise qui n'existait pas il y a dix ans. Il serait
difficile à François Hollande d'être un Gerhard Schröder à la française, il
n'en a tout simplement plus les moyens, avec une France exsangue et au bord de
la crise de nerfs.

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