Cet article date de plus de dix ans.

Et maintenant Juppé!

Trois anciens Premiers ministres pour tourner la page Bygmalion: le maire de Bordeaux veut une UMP débarrassée des affaires et tournée vers le centre.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (© RF)

L’épisode s’intitule Retour vers le futur , avec dans le rôle principal le président-fondateur devenu le sauveur de l’UMP, douze années après sa création. Alain Juppé, mais aussi Jean-Pierre Raffarin et François Fillon vont gérer l’après-Jean-François Copé démissionné, expulsé pour l’affaire Bygmalion. Les trois briscards ont jusqu’au congrès de l’automne pour réformer de fond en comble un parti au fond du trou. Le maire de Bordeaux avait déjà été appelé à la rescousse en vain pour tenter de rabibocher Copé et Fillon pendant la guerre de décembre 2012.

Cette fois, les trois anciens Premiers ministres ont récupéré les clefs, en espérant qu’il ne sera pas trop tard. Alain Juppé va en profiter pour "dédroitiser " une UMP en partie soluble dans le Front National. Il va faire de l’anti Sarkozy, la barre au centre, toute, revenir aux fondamentaux de l’UMP.

Alain Juppé a tout vu, tout vécu

Réélu triomphalement à Bordeaux, revenu de tout, de la dissolution, de son purgatoire dans l’affaire des emplois fictifs,  « le meilleur d’entre nous » comme l’appelait Chirac prend un malin plaisir à cultiver sa différence et son indépendance d'esprit : il s'associe avec son ami François Bayrou, honni par une partie de la droite. Il accepte l'invitation d'Alexandre Jardin et son association citoyenne Bleu Blanc Zèbres, pour une apparition au côté d'Anne Hidalgo ce matin, au Conseil économique et social. Il se fait photographier à vélo à Bordeaux, au lendemain d'une hospitalisation, pour dire : regardez, le quasi-septuagénaire va bien, merci.

Il sera candidat en 2017 ?

Ne lui parlez pas de 2017, sinon il voit rouge. Jean-Marc Lech, co-fondateur d'Ipsos, imaginait hier sur France Info un duel Valls-Juppé dans 3 ans. Face à Marine le Pen. Tout dépendra de ses ambitions, de son désir, de l’air du temps. Alain Juppé ne veut pas d’un futur président de l’UMP candidat à la présidentielle. S’il s’empare du parti, c’est qu’il aura renoncé à l’ambition suprême. Psychologiquement, il a un jour fait son deuil de l’Elysée, décrypte l’un de ses soutiens. Tous les autres sont en conquête, mais lui sait qu’il ne pourra gagner que sur un concours de circonstance.

La tâche sera rude à la tête de l’UMP

Les militants, atterrés, n’ont pas oublié qu’ils ont mis la main au portefeuille pour le Sarkothon. Le trio Juppé-Raffarin-Fillon doit relancer un parti exsangue sur fond de feuilleton judiciaire. L’UMP en panne de projet n’est plus qu’une vaste écurie présidentielle, suspendue à la décision d’un Nicolas Sarkozy omniprésent et toujours populaire auprès des militants. Alain Juppé, qui a lancé un appel au centre lors de sa conférence de presse hier, sait bien que le danger n°1 s’appelle Marine le Pen. Pour la présidentielle, il reste trois ans, l’UMP peut bien patienter pour se trouver un champion. Comme l’a glissé Benoist Apparu hier, c’est comme si nous étions en 2009 : personne alors n’aurait parié un kopeck sur François Hollande.

 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.