Ça défile à Miromesnil...
La rue de MIromesnil, dans le 8ème
arrondissement de Paris, est très décidément prisée : des célébrités comme
Chateaubriand et Louis de Funès y ont vécu, pas à la même époque. Et Nicolas
Sarkozy y a installé ses bureaux depuis vingt mois, au 77, non loin de la place
Beauvau et de l'Elysée. Vous savez, le monsieur Sarkozy qui a diffusé il y a
deux jours sur Instagram une photo prise dans le troquet d'en face. Son staff a
même créé l'hashtag #77Mirosmenil et
envisage d'en faire des tee-shirts. Toute la droite et presque tout le centre
défilent depuis de longs mois à cette adresse pour aller consulter l'ancien
président, qui appelle au téléphone le ban et l'arrière ban de son ancienne
majorité pour monter sa machine de guerre 2017. Il reviendra,
"évidemment ", comme l'a avoué Bernadette Chirac. Polichinelle
n'habitait pas la rue de Miromesnil, mais c'est tout comme.
Que dit-il à ses visiteurs ?
Je vous cite l'un
d'eux : Nicolas Sarkozy s'est livré à la parabole de l'hélicoptère. C'est
la dernière anecdote en date qui tourne: "Mon hélico se posera
au milieu de la plaine, je sauterai et dirai : qui m'aime me suive".
Nicolas Sarkozy ajoute : "Il n'y aura plus de mouvement politique,
seulement des gens partout qui me viendront avec moi ". Dans l'esprit de
l'ancien président, il n'y a plus de primaire, plus de Juppé ou de Fillon, plus
d'UMP, mais seulement lui, dans la déclinaison de l'homme providentiel, qui y
va tout seul. Et sa préoccupation du moment s'appelle... le centre. Jean-Louis
Borloo a été reçu à plusieurs reprises au 77. Rama Yade y a également été conviée.
La frondeuse, qui a dit de Nicolas Sarkozy :
"C'est mon héros, celui de 2007, mon mentor ". L'ex-ministre des
droits de l'homme, pourtant passée à l'UDI,
rêve de rejoindre une liste UMP aux européennes. Une personnalité en
revanche n'est pas la bienvenue, c'est François Bayrou, l'homme qui a osé voter
Hollande. Ça ne s'oublie pas. La détestation mutuelle Sarkozy-Bayrou est tenace...
La droitisation, c'est fini ?
Avec un François Hollande
social-démocrate, mieux vaut batailler au centre. Le probable futur candidat
Sarkozy a mis Patrick Buisson au réfrigérateur, tout en faisant les yeux doux aux humanistes de l'UMP.
Guillaume Didier, l'un des deux jeunes fondateurs avec Guillaume Peltier de la
Droite forte, ne s'en offusque pas : "Nous, il nous a déjà. Il
s'intéresse plus à ceux qu'il faut conquérir" . Le Sarkozy 2017 est en
train de retricoter l'ouverture.
Nicolas Sarkozy, s'il se présente, se passera de
primaire ?
Il n'en veut pas. Et cela
sème la panique à l'UMP. Alain Juppé et François Fillon souhaitent que les
statuts du parti soient respectés. Jean-Pierre Raffarin, lui, est plus souple
sur les principes : si un candidat s'impose dans les sondages, genre à 60%
en 2016, inutile d'organiser une primaire qui se transformerait en simple
plébiscite. Un vote des militants suffirait, comme celui qui a permis d'éviter
de revoter l'an dernier pour la présidence de l'UMP. Nicolas Sarkozy veut
rejouer le vieux refrain gaullien sur la rencontre d'un homme avec un
peuple. Ni droite, ni gauche, parce qu'il faut sauver la France. Il retrouvera
sur son chemin, et sur le même principe qui consiste à enjamber les partis pour
s'adresser aux Français, un certain François Hollande. Ce sera la rue de
Miromesnil contre la rue du Faubourg Saint-honoré. Le gagnant défilera sur les
Champs-Elysées, tout cela reste dans le même quartier.
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