Ayrault sur Macron : "On verra bien dans quelle direction il avance"
Jean-Marc Ayrault a réagi à la création par Emmanuel Macron du mouvement "En Marche", allant dans le sens de Manuel Valls. "Bien sûr que le clivage droite/gauche ne sera jamais effacé ", a affirmé le ministre français des Affaires étrangères. Jeudi soir, le Premier ministre avait qualifié d'"absurde " le fait de vouloir effacer les clivages droite/gauche. Lors du lancement de "En Marche", mercredi, le ministre de l'Economie avait expliqué vouloir créer un mouvement au-delà qui ne serait "pas à droite, pas à gauche ".
Jean-Marc Ayrault a tenu, lui, à minimiser la naissance de cette entité : "Je banalise ça, je suis tenté de le faire, ça n'est jamais qu'un mouvement politique classique, "En marche", on verra dans quelle direction il avance, on verra bien où il va ", a ironisé le ministre des Affaires étrangères et du Développement international.
"Aussitôt que les conditions seront réunies, je me rendrai en Libye "
Le ministre français des Affaires étrangères a aussi réaffirmé son soutien au nouveau gouvernement libyen, dirigé par Fayez al-Sarraj, affirmant qu'il se rendra en Libye "dès que les conditions seront réunies ". "J'ai rencontré Fayez al-Sarraj à Tunis il y a trois semaines, l'objectif qu'il avait est de se rendre à Tripoli, la capitale, comme lieu symbolique pour y installer son gouvernement. C'est ce qu'il a fait en prenant des risques personnels. Il faut absolument que la communauté internationale le soutienne, la France le soutient (…), aussitôt que les conditions seront réunies, je me rendrai en Libye ."
"Depuis l'intervention en 2011, avec des bombardements, nous n'avons pas réglé le problème, c'est un peu comme en Irak. On fait des frappes et après c'est le chaos. Qui en souffre en premier lieu ? Bien sûr, la population. Daech en profite, c'est un dossier prioritaire pour la Libye, pour les pays de la région comme la Tunisie et l'Algérie, et puis pour l'Europe ", a estimé le ministre des Affaires étrangères et du Développement international. "Si on ne fait rien, le terrorisme va nous frapper encore davantage et ce sont des milliers de réfugiés qui vont trouver là un chemin pour partir ".
Interrogé sur la date de réouverture de l'ambassade de France à Tripoli, Jean-Marc Ayrault a dit pouvoir "difficilement répondre " pour le moment. "Le bâtiment est actuellement vide, les membres de l'ambassade ont dû partir pour des raisons de sécurité, donc il faut créer les conditions ." Quant à une possible intervention militaire en Libye, le ministre français des Affaires étrangères a exclu tout bombardement ou envoi de troupes au sol, estimant qu'il "ne faut pas refaire les erreurs du passé ". Il a ajouté que "pour sécuriser le gouvernement de M. Sarraj, s'il demande une aide internationale, nous l'examinerons, mais c'est sa décision ."
"Aussitôt que les conditions seront réunies, je me rendrai en Libye "
Le ministre français des Affaires étrangères l'a assuré à nouveau : "La France tiendra ses engagements " pour ce qui est de l'accueil des réfugiés. Début mars, François Hollande avait promis d'accueillir 30.000 migrants. "Chaque année, 80.000 réfugiés demandent le droit d'asile en France, c'est en augmentation. Nous pouvons le faire, l'Allemagne a reçu un million de réfugiés l'année dernière, ça n'est pas facile pour autant, mais les Allemands le font ", a déclaré Jean-Marc Ayrault.
"D'abord, c'est une question de principe : il s'agit de personnes qui fuient la guerre en Syrie, qui veulent sauver leur vie, qui sont des millions dans les pays limitrophes, comme la Turquie, la Jordanie, le Liban, mais ils sont aussi nombreux à venir en Europe, et ils peuvent bénéficier du droit d'asile, donc nous devons tous prendre notre part, et, là, la position de la France est claire, c'est une décision européenne qui a été prise de répartir [les migrants-NDLR] et la France s'est engagée et tiendra ses engagements. "
Jean-Marc Ayrault a dit regretter que tous les pays européens ne respectent pas les engagements pris : "La difficulté est que des pays ont dit 'non', pourtant c'est une décision collective, donc ça pose la question du fonctionnement de l'Europe. On dit que l'Europe met longtemps à mettre en œuvre ses décisions, c'est un problème. Le fait de s'exonérer, de prendre tout ce qui nous arrange - certains pays le font notamment au niveau financier, ce qui leur permet d'avancer - puis, en même temps, quand il s'agit du devoir collectif, ne plus être là, ça, ça n'est pas possible si on veut continuer à créer une Europe forte ."
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