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A quoi joue Claude Bartolone ?

Il est devenu le critique numéro un de la politique du gouvernement et des choix de François Hollande. Claude Bartolone est celui qui a pesté le plus fort contre la transparence sur les patrimoines des élus.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Ce mardi à l'Assemblée, les annonces de François Hollande,
après l'affaire Cahuzac, ont pris un sérieux coup sur la tête. Mais Claude
Bartolone se fait ce matin très modeste et se défend d'avoir gagné un bras de
fer avec le chef de l'état.

"Je ne crois pas du tout à cette histoire de bras de
fer. J'y vois aussi la qualité du lien qui existe entre le président de la
République et le président de l'Assemblée nationale. Je dis quelque chose et il
y a la possibilité de discuter et cela me paraît être une bonne garantie
démocratique.
"

Ce qu'il peut faire

Depuis son accession au poste de président de l'Assemblée
nationale, Claude Bartolone s'est quand même beaucoup exprimé et souvent à
contre-courant du gouvernement et de l'Elysée : sur l'objectif des 3% de
déficit, sur le non-cumul, sur les relations avec l'Allemagne... Bref, Claude Bartolone est le quatrième personnage de l'Etat
et l'un des hommes de la majorité les plus libres.

"Si vous n'existez pas, si vous n'êtes pas reconnu par
vos pères, si vous n'êtes pas ressenti comme une voix qui a quelque chose à
dire, on vous fait la remarque de : mais qu'est ce qu'il fait à ce poste,
il ne sert à rien. Donc, moi je me satisfais pleinement de la fonction qui est
la mienne, de président de l'Assemblée nationale et je veux montrer ce que je
peux faire de ce poste.
"

Si Claude Bartolone estime qu'il est très bien là où il est,
c'est que dans les coulisses du pouvoir on parlait beaucoup de ses envies
d'être Premier ministre à la place de Jean-Marc Ayrault. Une place qu'il
pourrait sans soucis occuper pour le député UMP Patrick Ollier : "Il
a incontestablement les qualités pour aller plus loin. C'est son problème, à
lui, de régler les différents qu'il pourrait éventuellement avoir avec la
majorité qui l'a élu.
"

En décalage avec la majorité ?

Claude Bartolone, lui, se défend de tout décalage avec sa
majorité. Il revendique une liberté de parole. Il a été à bonne école puisqu'il
a longtemps été le porte-flingue de Laurent Fabius qui avait occupé, il y a
très longtemps, le même poste que lui : "J'essaye aussi d'être attentif à ce que dit la
représentation nationale et c'est de ma responsabilité de traduire leurs
interrogations, leurs attentes, leurs rêves. De ce fait, lorsque je mets un
point en avant, je ne le mets pas pour affaiblir la majorité ou le gouvernement
mais parce que je trouve que c'est une interrogation politique.
"

Des socialistes heureux

Si il y en a qui ne retrouvent rien à redire au style de
Monsieur Bartolone, c'est bien les députés socialistes. Thierry Mandon, le
porte-parole du groupe : "Il y a un problème des contres pouvoirs dans la Ve
République, surtout sous quinquennat, cela va très vite, très fort, il y a
beaucoup d'exécutif. Avec la liberté de ton qui est la sienne, il essaie d'inventer
une autre façon d'être président de l'Assemblée, d'être parfois un peu plus
critique, de lancer des alertes. Bref, il donne naissance à une nouvelle
fonction. Je ne suis pas certain que s'il voulait aller à Matignon il faudrait
qu'il s'y prenne comme cela, en étant parfois aussi critique vis-à-vis du
gouvernement. Ce n'est pas forcément la meilleure méthode. Donc je pense que c'est
l'Assemblée nationale qui l'intéresse.
"

Claude Bartolone ne veut donc surtout pas que l'on dise
qu'il serait le plan B de François Hollande pour Matignon.

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