11 Novembre : des Poilus aux maquisards
La démarche
heurte certains historiens qui estiment qu'il ne faut pas mélanger les deux
conflits mondiaux. Les commémorations du centenaire de la Grande guerre vont se
dérouler en deux temps aujourd'hui: la cérémonie sous l'arc de triomphe
devant le soldat inconnu précèdera un déplacement inédit à Oyonnax, pour raviver le souvenir des résistants du maquis de
l'Ain et du Haut-Jura qui ont défilé en 1943 en bravant le régime de Vichy. Ce
saut dans le temps sera fait au nom de la "mémoire partagée" que le
président François Hollande appelle de ses vœux, en souhaitant une mobilisation
de la société toute entière face à la crise actuelle.
Il faut rappeler que depuis
l'an dernier, le 11 novembre est la date de commémoration de tous les morts
pour la France. C'est à ce titre que le président s'entretiendra avec les
familles des militaires tués sur les théâtres d'opérations comme le Mali, des
guerres d'aujourd'hui, bien réelles, qui ne sont pas encore dans les manuels
scolaires.
Avec le temps qui passe,
la lecture de l'Histoire évolue.
Tout d'abord parce que les poilus
de la Grande Guerre ne sont plus là pour témoigner au pied des monuments aux
morts. Quant à ceux qui ont combattu en Algérie, ils ont plus de soixante-dix
ans aujourd'hui. Notre regard change forcément avec le recul que nous avons sur
les évènements. Jean-Pierre Chevènement parle d'une "guerre de trente
ans ", qui va de 1914 à 1945. L'armistice de 1918 n'aurait été qu'une
trêve dans les visées expansionnistes de l'Allemagne. L'ancien ministre de la
défense part du principe que les nations concernées étaient toutes pacifiques,
et que ce sont leurs dirigeants aveugles qui ont précipité les peuples dans la
guerre. François Hollande va répondre aujourd'hui à cette logique qui consiste
à établir une passerelle entre ces deux conflits majeurs qui nous ont toujours
été présentés de manière séparée.
Les commémorations sont ancrées dans le présent ?
Elles ne sont pas qu'une
tradition ou une nostalgie. Elles nous parlent en creux de nos difficultés actuelles.
" La première guerre mondiale est une évocation de la souffrance des
hommes ", explique le centriste Jean-Louis Bourlanges. Pour lui, les pro-européens,
et notamment les Allemands, préfèrent
célébrer le 8 mai 1945, qui signe la victoire des Alliés sur une idéologie
criminelle, le nazisme, plutôt que le 11 novembre 1918, qui marque la fin d'un
conflit fratricide entre deux nations qui sont aujourd'hui amies. Le fait de
lier les deux guerres gomme les antagonismes entre les peuples. Jean-Christophe
Cambadélis salue pour sa part le fait que l'Allemagne évoque la nuit de cristal
où pourchassant les juifs, le régime nazi se mit en marche, au moment où la
France honore 14/18 et fait sa place aux fusillés. Pour le député socialiste de
Paris, "cela en dit long dans une Europe bousculée par la crise
économique et la montée des nationalismes" .
Nous avons le recul
nécessaire aujourd'hui, le temps a passé.
Ces héros de notre histoire, ces
millions d'anonymes qui ont payé de leur vie nous rappellent que les tranchées et
les maquis ne sont jamais loin et que le "plus jamais ça ", sans
cesse bafoué, doit rester la règle.
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