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Taxe streaming : Spotify propose au gouvernement une "contribution volontaire" de la part de tous les acteurs du secteur

Spotify, leader du streaming en France fête ses 15 ans d'existence au moment où les droits d'auteur pour les créateurs de musique ont atteint des records. Antoine Monin, directeur général de Spotify en France et au Benelux est l'invité éco de ce jeudi 26 octobre.
Article rédigé par Isabelle Raymond
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Antoine Monin, directeur général de Spotify France, invité éco du jeudi 26 octobre. (franceinfo)

Le monde de l'écoute musicale en streaming ne s'est jamais aussi bien porté. Les droits d'auteur mondialement collectés pour les créateurs de musique battent des records, 11 milliards d'euros en 2022.

À tel point que le président de la République avait lui-même évoqué, il y a quelque mois, la mise en place d'une taxe streaming assise sur le chiffre d'affaires des plateformes. Antoine Monin, directeur général de Spotify France, leader du marché du streaming dans le pays, est l'invité de franceinfo.

franceinfo : Cette taxe n'est finalement plus d'actualité, puisqu'elle n'est pas dans le projet de loi de finances. Est-ce que vous êtes soulagé ?

Antoine Monin : Je ne suis pas encore soulagé, mais en tout cas, je pense que nous avons été entendus par le ministère de la Culture et le ministère de L'Économie. Dans le sens où nous ne sommes pas une société encore complètement rentable alors que nous sommes, avec les autres plateformes de streaming, les premiers contributeurs au renouveau et à la croissance du marché de la musique en France et dans le monde. Il est aujourd'hui impossible pour nous de supporter le coût d'une taxe.

Même s'il s'agit d'une contribution volontaire ?

On comprend la nécessité de financer le Centre National de la Musique et que l'ensemble du secteur doit y contribuer. C'est pourquoi, nous proposons au gouvernement, une contribution volontaire qui aurait l'avantage d'être plus équilibrée et plus équitable, car elle serait portée par l'ensemble des acteurs de la filière. 

"La condition sine qua non à une taxe volontaire, c'est que tout le monde la paye."

Antoine Monin, directeur général de Spotify France

à franceinfo

C'est la voie que nous privilégierons et on espère aboutir à un accord avec le gouvernement avant la fin de l'année.

Selon une étude qui a été publiée aujourd'hui par la Confédération internationale des sociétés d'auteurs et compositeurs (CISAC), les droits mondialement collectés pour les créateurs de musique ont atteint des records en 2022, presque 11 milliards d'euros au total. Le modèle du streaming payant est donc fructueux pour tout le monde, pour les artistes et pour vous-même ?

Absolument. C'est une excellente nouvelle. Et puisqu’aujourd'hui, on célèbre les quinze ans de Spotify en France et dans plusieurs pays, on célèbre aussi la croissance retrouvée du marché de la musique. On célèbre le retour à un modèle plus vertueux. On n'est pas encore arrivé au maximum de ce que nous pouvons générer pour l'ensemble du marché de la musique, mais nous nous félicitons de cette croissance retrouvée et il est évident que Spotify n'est pas pour rien dans cette croissance et dans celle des revenus générés.

Cette croissance est accompagnée de bénéfices ce qui est une nouveauté pour Spotify. Vous annoncez un bénéfice au troisième trimestre de 32 millions alors que vous étiez en déficit constant. Dans le même temps, vous avez augmenté votre tarif premium d'un euro. C'était la toute première fois. C'est quand même délicat pour une entreprise d'augmenter ses tarifs ?

Bien sûr, mais pour qu'une entreprise survive, il faut qu'elle soit rentable. Cependant, jusqu'ici, nous avons beaucoup investi, dans la croissance des usages pour convaincre de plus en plus d'utilisateurs et d'artistes de nous faire confiance et cette croissance retrouvée, elle bénéficie en premier lieu à l'industrie musicale. Aujourd'hui, au fur et à mesure que nous sommes capables de croître, nous sommes capables de commencer à dégager des marges de manœuvre et la profitabilité est évidemment la condition indispensable de notre longévité.

À l'occasion de vos quinze ans, vous avez publié la liste des dix artistes les plus écoutés en France l'an dernier. Presque que des Français, à commencer par Jul, Ninho, Gazo, Damso, et cetera. Est-ce que c'est une spécificité française ou finalement est-ce que chaque pays écoute ses propres artistes ?

C'est une autre grande révolution de l'avènement du streaming. Si on fait un petit retour en arrière, il y a quinze ans, les meilleures ventes en France étaient presque uniquement anglo-saxonnes. Aujourd'hui, sur les dix artistes les plus écoutés en France sur Spotify, neuf sont français ou francophones. 

C'est le cas aussi en Italie et en Allemagne, où ce sont les artistes locaux qui sont devant. Donc, il y a un phénomène qu'on appelle la globalisation, qui a fait l'objet d'une étude de la London School of Economics qui montre que, avec l'avènement du streaming, ce n'est pas la globalisation de la musique anglo-saxonne et d'un goût pour tout le monde. Au contraire, c'est plein d'artistes différents qui règnent dans leurs différents marchés. On a aussi l'export des musiques françaises, qui se porte de mieux en mieux. Et ça, on s'en félicite.

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