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Pour l’économiste Sébastien Jean, Donald Trump "a épuisé ses marges de manœuvre"

Les élections de mi-mandat ont lieu mardi 6 novembre aux États-Unis. Croissance, emploi, salaires… Donald Trump met en avant son bilan économique. Mais pour Sébastien Jean, directeur du CEPII, ce "coup d’accélérateur", positif dans un premier temps, annonce des lendemains difficiles.  

Article rédigé par franceinfo, Jean Leymarie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 7 min
Sébastien Jean, directeur du CEPII, invité de franceinfo mardi 5 novembre.  (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

L’économie américaine affiche une "santé insolente : c’est le deuxième plus long cycle de croissance depuis un siècle et demi". Pour Sébastien Jean, directeur du CEPII (Centre de recherche en économie internationale), il suffit de regarder les derniers chiffres venus des États-Unis : une croissance annuelle de 3,5%, un taux de chômage à 3,7%, et des salaires en hausse… Aucun doute, "l’instantané qu’on peut faire de l’économie américaine est très bon". Mais cet instantané est trompeur.

Une relance inégalitaire et risquée

La hausse des dépenses et les baisses d’impôt (1 400 milliards de baisses d’impôt programmées sur dix ans) constituent "un choc fiscal, un coup d’accélérateur". Mais "cette relance est très inégalitaire : un tiers des gains de cette réforme fiscale est allé au 1% des contribuables les plus riches, dans un pays qui souffre déjà d’inégalités extrêmement élevées". Pour l’économiste, cette relance est également risquée, car le président américain se prive d’un outil lorsque la conjoncture sera moins bonne : "La croissance ne va pas durer éternellement (…) Quand la conjoncture se retourne, normalement, on peut baisser les impôts ou augmenter les dépenses pour atténuer l’effet de la récession. Là, ce ne sera pas possible (…) Le gouvernement américain a épuisé ses marges de manœuvre avant même que les vents contraires se manifestent".  Fin septembre, le déficit budgétaire des États-Unis a déjà augmenté de 17% l’an dernier, à 779 milliards de dollars.

Un déficit commercial en hausse

Lors de son élection, Donald Trump s’est engagé à mieux défendre les entreprises américaines face à leurs concurrents étrangers. Il renégocie les traités commerciaux, surtaxe les importations d’acier et d’aluminium. Mais pour l’instant, constate Sébastien Jean, "le déficit commercial des États-Unis se creuse (…) En accroissant le déficit public, les politiques de Trump accroissent l’écart entre ce que l’Amérique consomme et ce qu’elle produit. Cette année, le déficit commercial des Etats-Unis va probablement être au plus haut depuis dix ans".

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