Paris 2024 : 15 millions de visiteurs attendus avec leur smartphone, "on est prêt à faire face au plus grand défi", assure le PDG de Tofane, l'opérateur des opérateurs

La France va accueillir l'équivalent de "40 Coupes du monde", affirme ce vendredi Alexandre Pébereau, fondateur et PDG de Tofane, opérateur des opérateurs, spécialisé dans les télécommunications internationales. Autant de visiteurs qui vont échanger, un défi pour les opérateurs.
Article rédigé par Camille Revel
Radio France
Publié
Temps de lecture : 8min
Alexandre Pébereau le 7 juin 2024. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

À quelques semaines des Jeux olympiques, les opérateurs téléphoniques sont-ils prêts à assurer les communications des 15 millions de visiteurs attendus ? "On est prêts à faire face au plus grand défi", assure vendredi 7 juin 2024 Alexandre Pébereau, fondateur et PDG de Tofane, opérateur des opérateurs, spécialisé dans les télécommunications internationales et vice-président de Croissance+.

franceinfo : Qu'est ce qu'un opérateur des opérateurs télécom ?

Alexandre Pébereau : Cela veut dire qu'on apporte ou transporte les communications des opérateurs nationaux d'un pays à l'autre. Donc, les communications qui vont vers l'étranger ou qui viennent de l'étranger vers nos clients.

Ne peuvent-ils pas le faire tout seul ?

Ces opérateurs-là, ils commencent tout seul, mais, après, très vite, quand vous êtes en face de 800 opérateurs mobiles, de 1 000 opérateurs fixes, 180 pays, autant de connexions différentes, il faut le faire physiquement. Il faut faire des contrats avec des devises différentes, des technologies différentes. C'est plus simple, très vite de sous-traiter à des acteurs comme nous.

Combien avez-vous de clients ?

On a 2 000 clients, les gros clients sont en France, SFR, Bouygues, Free, Orange à l'étranger Portugal Telecom, Vodafone...

Les Jeux olympiques et paralympiques de Paris arrivent. Qu'est-ce que cela va représenter comme volume de données, d'échanges, de télécommunications ?

Ça va être un truc énorme, absolument énorme. Se le représenter avec des capacités, c'est toujours difficile. Disons que cela va représenter 40 Coupes du monde de football qui vont arriver à Paris, 15 millions de touristes qui vont tout de suite vouloir partager l'émotion des JO. Cette fois-ci, ils viennent avec des smartphones, donc ça veut dire qu'ils vont partager des images, des vidéos, des vidéos avec du son. Ils vont en recevoir et en échanger entre eux et ils vont faire ça avec les pays du monde entier.

Quel rôle jouez-vous là-dedans ?

Notre rôle, c'est pour une partie, dès que ça sort de France, de contribuer, de les transporter dans des câbles, d'utiliser des points d'interconnexion qui vont les guider, qui vont choisir le chemin optimal, parce que c'est toujours compliqué. Est-ce que c'est quelqu'un qui veut de la qualité, de l'instantanéité ou est-ce que c'est quelqu'un qui vous contacte ? Que ça ne coûte pas cher, mais que ça arrive bien in fine. C'est tout ça dans nos points d'interconnexion, on concentre le travail de nos ingénieurs et de nos techniciens au quotidien.

Êtes-vous prêts pour ça ?

Et là, on est plus que prêts. Ça fait deux ans qu'on prépare, tous les opérateurs français préparent. Et nous à l'international, avec eux. Ce sont des déploiements. D'abord, des anticipations de capacités et des plans qui sont décidés plus de deux ans à l'avance. Ça fait partie du déploiement de la 5G. C'est aussi des installations et in fine, c'est mis en service. Tous les opérateurs maintenant font leur offre de packages de 5G.

C'est le jackpot pour les opérateurs.

Les JO, ce n'est pas un jackpot. C'est d'abord la récompense d'une excellence française absolument inouïe. Il faut se rendre compte qu'on va donc recevoir 40 Coupes du monde en même temps. Et il faut que ça se passe de façon parfaite. Donc, c'est d'abord la récompense de ça. Ensuite, c'est vrai que ces forfaits de remise en Europe, ils sont régulés, ce sont des tarifs encadrés, c'est vraiment très abordable.

Et vous, chez Tofane pouvez-vous calculer les retombées financières pour vous de ces jeux ?

On verra bien. Chaque été, c'est toujours une très grande pointe puisqu'on est très européen. On est au Portugal, aux Pays-Bas, en France et un peu partout en Europe. Donc, à chaque fois, l'été c'est toujours des pointes. Là, on va voir. On sait juste qu'on est prêt à faire face au plus grand défi.

Vous êtes au global numéro trois, sur le marché des télécommunications internationales derrière Vodafone et Tata Communications. Aujourd'hui, pour passer des appels gratuits, il y a quand même aussi Internet, Skype, Google Voice, WhatsApp. Y a-t-il encore un marché pour ces appels internationaux ?

Bien sûr, ceux que vous venez de citer sont nos clients maintenant. Google Voice, pour pouvoir joindre tous les téléphones de la planète, sur les 8 milliards de téléphones, il faut accepter des téléphones qui ne sont pas sur Internet et donc passer par des opérateurs comme nous. Nous, nous faisons partie des opérateurs Internet. Donc on est complètement digitaux. Nous sommes déjà sur Internet et c'est pour ça que nous, les clients d'aujourd'hui et de demain sont non plus seulement les opérateurs télécoms, mais aussi les opérateurs digitaux. Vous avez cité Google, Skype, mais on peut citer aussi WhatsApp et TikTok qui nous achètent maintenant non seulement de la voix, mais aussi des SMS, des SMS professionnels, des SMS d'applications.

Qu'est-ce que des SMS commerciaux ? Par exemple, j'ai une réservation de train, je reçois un texto de confirmation.

Exactement, vous faites un achat sur internet, vous recevez un SMS de confirmation pour vous authentifier, pour être sûr que personne ne vous a volé votre carte bleue ou votre identité. Pour échanger un rendez-vous sur Doctolib aussi. Quand un chauffeur Uber s'approche de vous, vous recevez un SMS. C'est d'abord l'application d'Uber et on fait partie des plateformes qui distribuent ces SMS, qui les acheminent à bon port au téléphone mobile.

Comment fait-on pour assurer la protection des données ?

C'est une des choses les plus difficiles du monde, comme vous le savez sans doute, parce que le téléphone, c'est un des derniers endroits où on se sent vraiment en sécurité. Vous n'avez jamais peur de décrocher ou d'appeler. Vous savez que vous êtes vous et vous savez qui vous appelez. Et ça, c'est parce que c'est une sécurité qui fait partie de ce dispositif de sécurité. Mais c'est un système qui est un niveau souverain, et c'est d'abord chaque pays qui contribue à sa sécurité absolue.

Vous avez un chiffre d'affaires de 500 millions d'euros. Quel est l'avenir chez vous, est-ce la voix ou est-ce l'écrit ?

L'avenir chez nous, ce sont les images puisque même sur les SMS, on porte des images. Et effectivement les uns les autres, nous appelons de plus en plus les conversations qui viennent avec des images, donc ce sont les conversations sur les images. Vous avez raison de dire que, entre guillemets, la voix décline, ça devient tout, ça devient gratuit. Mais il y a la place des services, les services aux objets, les services à la personne. Quand on automatise et qu'on digitalise le monde, c'est ce que nous faisons, nous digitalisation avec les uns et les autres, le monde entier.

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