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Loi alimentation : "Sur 60 000 produits, seuls 1 500 vont augmenter" assure le PDG de Système U

Dominique Schelcher, PDG de Système U, était l'invité mercredi de l'interview éco.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Temps de lecture : 7 min
Dominique Schelcher, PDG de Système U, le 10 octobre 2018 sur franceinfo. (FRANCEINFO)

La loi Alimentation a été votée le 2 octobre 2018 à l'Assemblée nationale, mais des ordonnances importantes doivent encore être publiées, notamment sur la relation entre les producteurs et les distributeurs.

franceinfo : Michel-Edouard Leclerc répète que "le consommateur va payer très cher" cette loi. Est-ce qu'il a raison?

Dominique Schelcher : Il faut sortir de la caricature. Un hypermarché a aujourd'hui à peu près 60 000 références, et la loi ne va concerner que 1 500 produits. Certes, ils vont augmenter pour que leurs marges atteignent les 10% minimum prévus par la loi, mais ce ne sont qu'une minorité de produits dans un magasin. Il y aura un impact sur la consommation, mais il faut revenir au sens de cette loi et pourquoi on a fait tout ça. Le sens originel de la loi était d'apporter une réponse aux revenus difficiles des agriculteurs. C'était aussi d'apporter une réponse à une meilleure alimentation. 

On entend que cette loi est une coquille vide, qu'elle ne sert à rien. Qu'en pensez-vous?

Je pense qu'il y aura un avant et un après cette discussion, et une véritable prise de conscience. C'était la première fois qu'il y avait tous les acteurs autour de la table, et il y a des choses qui sont intéressantes. D'abord, il y a une limitation de la promotion. Je pense que nous sommes allés trop loin sur la promotion. Avoir -70% du jour au lendemain sur des produits du quotidien n'a plus de sens. Il y aura toujours des promotions dans les magasins U, mais plus jusqu'à -70%. Elles seront limitées à -34%. Le gouvernement voulait l'imposer au 1er décembre. Nous plaidons actuellement pour une date au 1er janvier. Les ordonnances diront quelle sera la date.

Comment pouvez-vous garantir que les producteurs, les agriculteurs vont mieux gagner leur vie ?

Le deuxième élément de la loi est une construction des contrats à partir des prix définis par les interprofessions. Aujourd'hui, dans un supermarché, on prend un peu trop de marge sur des produits comme les pommes ou le jambon, et pas assez sur des produits de grande marque. Cette loi essaie tout simplement de rééquilibrer ça. Le but est d'avoir un peu plus de marge d'un côté pour baisser par exemple le prix des pommes et l'acheter un peu mieux à l'agriculteur. La limite de la loi, c'est que rien ne garantit cela. En revanche, chez Système U, nous soutenons cette loi depuis le début et nous prenons donc l'engagement qu'il y aura des reversements. Il y a une responsabilité de l'ensemble de la profession de tenir cet engagement. Tous les distributeurs ont signé la charte à l'issue des états généraux de l'alimentation. Le sujet est simplement de mettre en œuvre cette charte. 

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