"Les 17% de voitures électriques qui se vendent aujourd'hui seront dans quelques années des véhicules d'occasion", se réjouit le coprésident d'Aramis

Trois voitures vendues sur quatre sont des voitures d'occasion, mais peu d'entre elles sont des électriques. Ce qui ne sera plus le cas dans quatre ou cinq ans, explique le directeur général d'Aramis.
Article rédigé par Isabelle Raymond
Radio France
Publié
Temps de lecture : 7 min
Guillaume Paoli, cofondateur et coprésident d'Aramis Group. (RADIOFRANCE)

En 2023, 5,3 millions de véhicules d'occasions ont été vendus contre 1,8 million de voitures neuves et Aramis est le leader européen du secteur. Guillaume Paoli, cofondateur et directeur général d'Aramis Group nous explique pourquoi ce marché, et notamment celui de la voiture reconditionnée, est promis à l'expansion en Europe.

franceinfo : Le marché des véhicules électriques d'occasion est encore balbutiant. Comment l'expliquer ?

Guillaume Paoli : En réalité, les voitures d'occasion d'aujourd'hui sont les voitures neuves d'il y a quatre, cinq ou six ans. Il y a quatre, cinq, six ans, la part de marché des voitures neuves électriques n'était que de 1,5 %.

Est-ce aussi parce que ces voitures restent relativement chères par rapport à un véhicule d'occasion ?

La plupart des gens achètent une voiture d'occasion pour une question de budget ou parfois pour des questions écologiques. Certains clients ont besoin d'une voiture électrique, qui correspond au mieux à leurs besoins et d'autres ont plutôt besoin d'une voiture thermique.

Est-ce que vous pensez que le marché du véhicule électrique d'occasion va exploser dans les prochaines années ?

Oui c'est écrit, parce qu'aujourd'hui, il se vend à peu près en France 17% de voitures électriques. Donc dans quelques années, ces 17% de voitures électriques neuves seront des voitures électriques d'occasion.

Alors vous êtes détenue à 60% par Stellantis, fusion de Fiat Chrysler et PSA Peugeot Citroën. Au-delà de l'assise financière que cela vous procure, est-ce que ça vous aide en approvisionnement ?

Oui, ils nous vendent des voitures à des tarifs préférentiels, au même titre que les autres sociétés qui composent le groupe Stellantis. D'ailleurs, c'est un modèle de développement intéressant. Depuis sa création en 2001, Aramis est adossé à un partenaire industriel, qui se comporte un peu comme un fonds d'investissement, si vous voulez, donc on est très autonome.

Le bonus écologique reste élevé, jusqu'à 6 000 euros, pour booster le neuf. Est-ce aux dépens de l'électrique d'occasion ?

Oui, à la marge. Pour favoriser l'adoption des véhicules électriques neufs, il a fallu en passer par ces fameux bonus, puisque ce sont des véhicules qui restent encore très chers et inabordables pour la plupart des gens. C'est pour cela que les véhicules reconditionnés qu'on propose sont une bonne alternative pour ceux qui veulent s'équiper.

Quelle est la différence entre un véhicule reconditionné et un véhicule d'occasion ?

Un véhicule reconditionné, c'est un peu le meilleur des deux mondes. C'est fiable comme une voiture neuve et c'est abordable comme une voiture d'occasion. C'est un véhicule qui a subi tout un processus industriel. Nous, on a des usines de reconditionnement, huit en Europe dont deux en France. Et dans une ligne de production, le véhicule va être expertisé, bénéficier d'une révision mécanique, révision de la carrosserie, avec un contrôle qualité à la fin. Et surtout, il y aura beaucoup de garanties à la sortie. 

"Le véhicule reconditionné va coûter un tout petit peu plus cher qu'un véhicule d'occasion traditionnel, mais il offre des garanties sans commune mesure."

Guillaume Paoli

à franceinfo

Vous êtes présent dans six pays, quand vous ne l'étiez que dans trois il y a 18 mois. Vous avez racheté et intégré des concurrents en Autriche, en Italie, au Royaume-Uni. Est-ce qu'il faut grossir, faire du volume afin de devenir rentable?

Aramis Group est une entreprise entrepreneuriale. On a une ambition européenne, on veut être le leader, la plate-forme préférée des Européens pour acheter une voiture reconditionnée. Et ça passe par une expansion européenne. La voie qu'on a choisie, c'est d'acquérir des sociétés à l'étranger, parce que ça nous permet d'intégrer des équipes qui connaissent très bien les clients locaux et qui connaissent très bien les dynamiques locales, parce qu'on est une entreprise complètement obsédée par les clients.

Aujourd'hui, vous avez publié vos résultats semestriels. Vous faites du volume et en même temps, c'est un marché extrêmement difficile. C'est difficile de devenir rentable dans la voiture reconditionnée ?

Cette année, on va vendre plus de 110 000 voitures reconditionnées à des clients particuliers, dans les six pays dans lesquels on opère. Et nous sommes rentables. On l'a toujours été, sauf en 2022, qui a été une année un peu particulière, en raison des suites du covid, de la guerre en Ukraine, etc. C'est un métier de distribution, donc les marges ne sont pas du tout les mêmes que chez les constructeurs automobiles.

Ce sont des marges assez faibles, d'où la nécessité de faire du volume.

Exactement et il faut vraiment contrôler l'ensemble des maillons de la chaîne. Donc nous, on contrôle tout de l'approvisionnement, le reconditionnement, la logistique et la vente des voitures.

Quelles sont les perspectives d'avenir ? Est-ce de la croissance dans l'électrique? Est-ce continuer à s'étendre à l'international ?

Nous avons une stratégie en trois points. Premièrement, on veut faire de la croissance sur les véhicules reconditionnés parce que c'est une excellente offre et ça nous permet vraiment de répondre aux besoins des gens. Il faut savoir qu'en Europe, deux Européens sur trois vont travailler chaque matin en voiture. C'est pareil en France. Donc la mobilité automobile est absolument indispensable et l'offre qu'on propose semble bien répondre aux besoins des Européens. Il y en aura mécaniquement un tout petit peu moins de voitures en circulation demain en Europe, avec la pyramide des âges, etc.

"Il faut qu'on trouve des solutions pour assurer la mobilité automobile des Européens et des Français tout en limitant l'impact sur l'environnement."

Guillaume Paoli

à franceinfo

Deuxième élément on veut s'étendre en Europe parce qu'on a une ambition européenne, donc on va continuer. Et enfin on essaie d'apporter de plus en plus de services à nos clients.

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